Le choix d’un appareil photo numérique est devenu une action très complexe tant l’offre est pléthorique. Cela ne se limite pas à la définition d’une catégorie car même une fois le type d’appareil identifié, il reste à déterminer le niveau de performance, d’automatisme et de fonctions. Désormais, il y a quasiment un appareil pour un utilisateur, reste à trouver celui qui vous correspond. Ce choix ne doit pas se limiter à un arbitrage budgetaire mais tenir compte de l’usage que vous allez en faire. Voici de quoi vous aider !
Commençons par le reflex car c’est un peu le meilleur de la photo et pour l’aspect passion, maîtrise et confort de prise de vue, on ne fait pas mieux. Déjà, il faut commencer par abandonner quelques idées reçues qui généralement datent de l’époque de l’argentique. Photographier avec un reflex n’est en rien plus compliqué qu’avec un compact, bien au contraire même sur certains points. Tout d’abord, le reflex grand public et même le modèle semi-professionnel sont munis d’une fonction dite verte, mode dans lequel l’appareil décide de tous les paramètres. Il suffira donc de cadrer et d’appuyer sur le déclencheur pour réussir une photo, le plus souvent mieux que sur tout autre appareil sauf en situation extrême (comme un fort contrejour). En effet, certains automatismes sur les compacts les plus avancés peuvent sauver quelques situations que normalement quiconque intéressé par la photo peut éviter, comme ne pas prendre une photo avec le soleil en face. Pour le cadrage, ce sera même plus facile car la visée reflex est plus précise que celle par l’écran arrière d’un compact. Pour zoomer, tourner la bague manuellement s’avère plus précis qu’une commande électrique. De même et contrairement aux idées reçues, le poids comme l’encombrement sont peu importants. Un reflex grand public léger équipé d’un zoom standard pèse environ 700 grammes tout compris, avec l’accumulateur et la carte mémoire. Évidemment, c’est trois fois plus qu’un petit compact mais c’est 100 à 200 grammes de plus qu’un hybride doté d’un zoom similaire. Il en va de même pour les mensurations. Le reflex sera plus encombrant qu’un compact, là encore dans des proportions du simple au triple mais par rapport à un hybride, le gain va là encore se résumer à 10 ou 20 % à zoom équivalent. Cela s’explique en fait très simplement par la taille physique du capteur. Pour obtenir de meilleurs clichés en conditions de lumière difficile, le capteur doit être plus grand que sur un compact et cela implique aussi que les optiques soient forcément plus volumineuses à rapport de zoom identique.
Equivalent 24 x 36
Au temps de l’argentique, la plupart des pellicules pour le grand public prenaient des photos au format 24×36 mm. On exprimait donc la focale d’un objectif en millimètres rapportés à cette surface. Ainsi, un 28 mm est un grand angle, un 50 mm correspond à peu près à ce que voit l’oeil humain, un 100 mm rapproche et à partir du 200 mm, il s’agit d’un téléobjectif. Or avec la disparition du film, le calcul n’est plus exact. On a donc appliqué un coefficient multiplicateur par rapport au format 24×36. Ainsi, un reflex avec un capteur de taille APS-C nécessite de convertir la focale 24-36 en multipliant par 1,5 généralement. Un classique zoom 28-70 mm en 24×36 équivaut à un 18-55 en arrondissant. Si la taille du capteur change pour du 4/3 sur un hybride par exemple, on passe à un coefficient de 2 et le même objectif sera en fait un 14-35. Cela complique évidemment les choses car comme il y a de nombreuses tailles de capteurs, les valeurs changent d’un appareil à l’autre. C’est pour cela que l’on continue à parler en équivalent 24×36 car cela permet de comparer les zooms entre eux quel que soit l’appareil et son capteur.
La visée reflex : pas mieux
Le principal avantage du reflex réside dans la visée. On voit à travers l’objectif ce que le capteur capture en prenant la photo. Cela permet de cadrer avec précision. Un viseur électronique pourra certes donner une idée de ce que sera le cliché mais il s’agit d’un écran LCD et on est donc forcément éloigné de la réalité. Aucun viseur électronique au monde, même le meilleur, n’est capable d’approcher la définition, la clarté et la précision d’une visée par l’objectif. Et pour ce qui est de voir la photo prise, il y a toujours l’écran arrière. En numérique si c’est raté, on refait la photo ! Les reflex grand public sont désormais majoritairement dotés de la visée par l’écran arrière. Cela permet effectivement de couvrir des situations atypiques comme viser au raz du sol ou au-dessus d’une foule. Même si le reflex est moins à l’aise dans ce mode que le compact, on pourra s’en servir au besoin.
La souplesse optique
Autre avantage évident du reflex et qu’il partage avec l’hybride cette fois : les optiques interchangeables. On peut donc tout à fait décider d’en acquérir plusieurs que l’on emportera selon les situations. Il y a deux approches possibles et le choix se fera en fonction de votre usage particulier. Si vous avez souvent besoin de couvrir des situations assez variées en vacances, privilégiez alors un zoom trans-standard à fort coefficient. S’il est un peu plus encombrant et plus lourd qu’un zoom de base, il couvrira la plupart des situations. Il s’agit typiquement d’un 28- 200 mm en équivalent 24×36. Pour celui qui préfère se doter des objectifs en fonction de l’usage et des besoins, on peut conseiller un bon zoom de base qui sera complété selon les occasions par un ou deux autres objectifs. Là, il s’agira d’un zoom 28-70 à 28-105 (en équivalent) qui suffira pour les usages courants. Si on part en voyage avec le désir de faire des photos de bâtiments ou de paysages, on pourra y ajouter un zoom grand angle. Si à l’inverse, la photo animalière est envisagée ou encore la photo de scène ou de sport, on pourra y ajouter un télé-zoom typiquement 100-400 en équivalent.
Un zoom adapté à l’appareil
L’optique joue un rôle primordial dans un équipement reflex. En plus d’avoir à disposition des focales plus ou moins longues, la qualité de l’objectif influe grandement sur le résultat. Les reflex misent beaucoup sur l’argument des pixels, à tort mais c’est ainsi. La taille physique des capteurs reflex généralement au format APS-C et l’usage de la technologie CMOS font que l’inflation des pixels n’a pas de répercussion négative sur la montée en sensibilité, comme c’est le cas sur les compacts.
En revanche, cela a une influence directe sur les optiques nécessaires. En effet, plus l’image prise est résolue et plus l’objectif doit être de qualité pour rendre justice à cette définition. Utiliser un zoom entrée de gamme sur un reflex 18 Mpixels n’est pas un drame en soit mais ne permet en aucun cas d’exploiter la définition réelle du capteur. Il faudra dépenser le double ou le triple dans un objectif pour cela. Pour autant, il y a peu de chance que cette définition réelle ait un quelconque intérêt pour vous. Il faut tout de même savoir qu’une photo prise avec un 10 Mégapixels suffit plus que largement pour une impression AA à la résolution maximale et évidemment pour tout usage sur écran qui ne dépasse quasiment jamais une résolution Full-HD de 1920 x 1080, soit 2 Mégapixels seulement. Pour preuve, les photos de ce dossier, qui ne sont « qu’en » 10 Mégapixels pris avec un reflex pour les animaux et avec un compact expert pour les clichés subaquatiques.
Autre inconvénient de l’inflation des pixels, les fichiers deviennent inutilement lourds, encombrent les disques durs de votre ordinateur et exigent des performances de premier ordre pour une retouche photo fluide. Mais bon, il parait que cela fait vendre… Autre idée reçue, l’ouverture ou la luminosité de l’objectif. Avec des capteurs désormais capables de prendre des photos parfaites en 1 600 ISO et la stabilisation, payer cher pour ouvrir à f:/2 est une ineptie. Un zoom qui va du 3.5 en grand angle au 5.6 en téléobjectif suffira amplement, même pour photographier en basse lumière. Sur les boîtiers qui ne disposent pas d’une stabilisation par le capteur, il est important de privilégier les zooms dotés d’une stabilisation optique, surtout quand les focales s’allongent. Ainsi même au 500 mm dans un 4×4 qui saute d’ornière en ornière, la photo sera nette au 1/60ème.
Trop de pixels
On le dit, on le répète mais rien n’y fait, les constructeurs n’arrivent pas à sortir de l’inflation du pixel et cela veut dire aussi que le consommateur s’accroche tout autant à l’idée. Certes, ce sont les fabricants qui ont érigé en règle la montée en pixels mais à notre époque, il est urgent d’en sortir. Commençons par ce qui concerne tout capteur grand public. Augmenter les pixels au-delà des 12 millions n’a aucun sens. D’abord parce que les optiques nécessaires pour retrouver cette définition sur le cliché valent plusieurs milliers d’euros. Ensuite, parce qu’à moins de vouloir réaliser une bâche de 10 x 10 mètres, cette définition ne sert à rien. Une impression A4 à la meilleure qualité possible ne nécessite que 8 Mpixels. Donc même en recadrant et en ne prenant qu’un extrait de la photo, 12 Mpixels suffisent amplement. Et sur une TV Full-HD, on ne peut exploiter que 2 Mpixels ! En revanche, allez au-delà des 12 Mpixels alourdit les fichiers et nécessite donc plus d’espace mémoire pour les stocker, tout comme il faut un ordinateur puissant pour les traiter en retouche et appliquer un filtre par exemple. Si on veut conserver une bonne cadence en prise de vue successive, il faut augmenter la puissance de calcul et le cache mémoire car sinon, on n’a pas le temps de les écrire sur la carte mémoire. Les inconvénients du trop plein de pixels s’arrêtent là sur un reflex avec un capteur de taille conséquente.
En revanche sur un compact, il en va tout autrement. Pour atteindre une bonne compacité, le capteur doit être de taille réduite aussi, minuscule en fait serait plus exact. Or l’entassement d’un grand nombre de pixels sur une si petite surface a pour conséquence d’amoindrir la sensibilité. On compense cela par du gain sur le capteur qui provoque à son tour du bruit dès que l’on monte en sensibilité. En clair, photographier en basse lumière fait apparaitre du grain sur les aplats de couleur. L’électronique peut le corriger mais élimine en même temps les détails et rend l’image artificielle. Ça n’a donc aucun intérêt autre que l’argument commercial. Heureusement que très récemment les fabricants de capteurs, Sony en tête, ont inventé de nouveaux procédés pour augmenter la sensibilité. Dernière évolution en date, les capteurs CMOS rétroéclairés arrivent à monter en sensibilité tout en dépassant les 12 Mpixels. Pour autant, moins sera toujours mieux.
Pour les experts
Pour le boîtier reflex en lui-même, le choix s’effectue ensuite choisir selon votre pratique et en premier lieu en fonction de votre niveau d’utilisation. Si vous êtes un utilisateur éclairé et usez que rarement du mode automatique, il est préférable de s’orienter vers des appareils plus proches des modèles professionnels pour une raison très simple : ils privilégient généralement l’ergonomie de type une fonction, un bouton et rappellent aussi les réglages sur un écran supérieur. Ceux-ci sont aussi plus performants en autofocus avec plus de choix possibles, toujours pour une pratique avancée. En général, ils sont aussi plus véloces avec des cadences de prises de vue supérieures, idéal pour la photo d’action. Revers, de la médaille, leur coût est plus élevé, ils sont plus lourds, plus encombrants et se marient mieux avec des optiques plus onéreuses aussi. En revanche, ils ne vous demandent plus de renoncer aux avancées technologiques modernes comme un écran arrière orientable ou la vidéo Full-HD. Dans cette catégorie, on peut citer deux modèles emblématiques que sont le Canon 60D et le Nikon D7000 avec des boitiers autour de 1000 euros et dont le prix accompagné d’un zoom standard mais de qualité avoisine les 1500 euros.
Pour la simplicité
Si vous utilisez les modes avancés et manuels plus occasionnellement, un modèle plus grand public sera préférable. Avec les capteurs récents, il se mariera aussi bien avec un zoom de meilleure qualité, comme les boîtiers experts. Le choix se fera ensuite sur vos usages et donc sur ce qui est le plus important pour vous. Pour être paré dans toute situation, ne renoncez pas aux avantages des dernières technologies comme l’écran orientable et la vidéo Full-HD, ce qui correspond typiquement au Nikon D5100 par exemple. Vous pouvez aussi vouloir le capteur le plus performant mais sans l’encombrement et les commandes directes, comme le canon 600D (aux 18 Mpixels très discutables). Ces modèles milieu de gamme disposent de tous les raffinements, de la meilleure qualité possible et tout cela avec une commande simple et un poids comme un encombrement encore acceptables. Enfin, si vous voulez avant tout photographier dans les situations usuelles et que votre budget est serré, optez pour un appareil entrée de gamme comme le Nikon D3100 qui offre une excellente ergonomie et une belle qualité d’image dans un appareil très compact. Au final quel que soit le boitier choisi, les photos seront toutes aussi qualitatives pour les usages courant, la différence viendra bien plus de la qualité des objectifs choisis.
Quelle focale pour quelle photo ?
La focale exprime le facteur de grossissement par rapport à l’action. L’oeil humain a une vision qui correspond à peu près au 50 mm en équivalent 24×36. Un objectif doté de cette focale aura donc à peu près le même champ de vision qu’un être humain. Un grand angle correspond à une focale de 28 mm et élargit le champ. On voit donc plus de surface avec le même recul. De 70 à 100 mm, on parle de portrait car c’est effectivement la focale idéale pour restituer un visage avec de bonnes proportions sans être ni trop loin, ni trop près. À partir de 100 mm, on est dans le rapprochement et à partir du 200 mm, on parle de téléobjectif. Cela permet de rapprocher des sujets éloignés. Ainsi pour la photographie animalière dans la nature ou pour le sport, on utilise communément du 500 mm. L’apparition du zoom a permis de créer des optiques qui couvrent une large étendue de focale. Le zoom standard qui va du grand angle 28 mm au 70 mm en équivalent suffit pour les situations les plus courantes. Si on veut saisir régulièrement des sujets déjà un peu éloignés, il faut y ajouter un 70-200 mm. Les deux suffisent généralement à toutes les situations courantes. Il existe aussi des zooms trans-standards performants qui vont du 28 au 200 mm en équivalent, mais désormais la mode est au super-zoom qui va de 28 à 300 mm, voire 400 ou plus encore.
Si le reflex vous paraît vraiment trop encombrant et trop lourd mais que vous ne voulez pas renoncer aux objectifs interchangeables, l’hybride peut vous intéresser. Mais comme la catégorie l’annonce, c’est toujours un compromis et à l’intérieur même de la catégorie, plusieurs choix sont possibles. Si le plaisir que vous prenez à photographier importe, une ergonomie proche du reflex est souhaitable. Il existe donc des hybrides qui sont en fait de petits reflex par leur conception, la visée directe par l’objectif en moins. Qu’y gagne-t-on au final ? Un encombrement et un poids un peu moindres tant que l’on en reste à des zooms standards et souvent un mode prise de vue vidéo plus simple à utiliser que sur un reflex. La visée par l’écran arrière sera aussi plus efficace. On y perd en revanche un peu en réactivité et en aptitude à monter en sensibilité. Bien entendu, le choix possible en optiques est également plus restreint, la catégorie n’en étant qu’à ses débuts. Il faut donc bien réfléchir à vos priorités. L’hybride proche du reflex ne se justifie que si le gain de poids et d’encombrement vous importe suffisamment pour accepter les défauts d’un viseur électronique et la montée en sensibilité un peu moins bonne. Appareil emblématique de la catégorie, le Panasonic G2 est très abouti et convainc par une excellente ergonomie, tout comme le NX11 de Samsung.
L’hybride compact
Si vous voulez couvrir toutes les situations photographiques qui se présentent à vous mais que vous photographiez plus pour le souvenir rapporté que par passion de la photo, un hybride proche d’un compact peut s’envisager. Vous retrouverez les commandes et les fonctions d’un compact avec une meilleure qualité en haute sensibilité grâce au capteur plus grand et la possibilité de changer d’objectif. Certains appareils haut de gamme comme le P2 d’Olympus sont même livrés avec un viseur électronique séparé que vous pouvez utiliser ou pas en fonction des situations. Chez Panasonic, le GF2 convainc par une bonne ergonomie, le NX100 de Samsung est un bon compromis et le Sony Nex 5 est le plus compact mais son ergonomie laisse à désirer. Quoi qu’il en soit, ayez toujours à l’esprit que l’avantage du poids et de l’encombrement se perd dès que le zoom passe les 100 mm, typiquement avec un télé-zoom 100-300 en équivalent. Si vous envisagez d’en utiliser régulièrement, privilégiez un reflex dont l’ergonomie et le viseur sont aussi plus adaptés à de longues focales. Nous ne vous parlerons pas du bridge dans ce guide, car nous pensons qu’aujourd’hui il n’a plus de réelle justification. En effet, les modèles évolués et un peu onéreux affichent un encombrement similaire à un hybride ou un reflex et il n’y a aucune raison de se passer de la possibilité de changer d’optique. Les bridges grand public à très fort rapport de zoom n’offrent en général qu’une qualité assez limitée en focale extrême et n’apportent pas grand-chose par rapport à un compact superzoom, si ce n’est cette valeur extrême qui dans les faits n’est pas réellement exploitable. Pour ceux qui veulent un viseur électronique à l’oeil, il est préférable de s’orienter vers l’hybride doté d’un meilleur capteur.
Quel viseur
Le viseur est devenu un concept complexe depuis l’avènement du numérique. Avant, il y avait le viseur optique et le viseur reflex à travers l’objectif. Aujourd’hui s’y ajoutent la visée par l’écran arrière et le viseur électronique. Ce dernier est en fait un mini-écran LCD que l’on voit par un œilleton. Lequel faut-il privilégier et pour quel usage, c’est toute la question ! La visée reflex est la plus efficace et la plus confortable pour la grande majorité des situations. Porter l’appareil à l’oeil garantit déjà une meilleure stabilité pour le déclenchement. Par ailleurs, on ne voit que l’image à prendre sans perturbation par l’environnement. On y voit également la réalité dans sa définition d’origine et sans interprétation. Plus précisément, on voit ce que le capteur enregistre ce qui permet de cadrer avec précision. De même, ce type de visée est lumineux. Il n’y a que dans la situation où tenir l’appareil à bout de bras permet de faire une photo autrement impossible que la visée reflex montre ses limites (par-dessus une foule par exemple). Le problème c’est aussi qu’elle n’est disponible que sur un reflex justement. Or, ce type d’appareil est tout de même assez encombrant.
Vient ensuite la visée optique qui peut être un palliatif quand il n’y a pas la place de mettre un viseur reflex. C’est une visée à l’oeil mais par un objectif indépendant, ce qui est moins qualitatif et surtout ne tient pas compte des réglages de l’appareil, zoom en tête. L’intérêt du viseur optique est discutable aujourd’hui, mais certains nostalgiques se sentent rassurés par la possibilité de viser à l’oeil. On peut trouver un usage possible quand un fort soleil éclaire le dos du photographe et rend la visée par l’écran difficile. Il en va de même en très faible lumière mais le contraste du LCD a tellement progressé que c’est de moins en moins vrai. Le viseur électronique est déjà un meilleur ersatz de la visée reflex, car les progrès en termes de définition et de naturel du rendu ont été spectaculaires sur ces mini-écrans. Pour autant, la visée ne sera jamais aussi précise et confortable, tout comme on voit forcément une interprétation de la réalité. Certains rétorqueront que l’on voit le résultat. Ce n’est pas vrai car la prise de vue par le capteur et le résultat sur écran n’ont rien à voir.
De toute manière en numérique, on peut visionner immédiatement une photo prise sur l’écran arrière. La visée par cet écran tend à se généraliser. C’est souvent la seule disponible sur un compact, mais même les reflex s’y sont mis. On en dispose donc quoi qu’il arrive et si c’est le seul moyen de viser, on s’en contentera d’autant plus que les écrans ont fait des progrès spectaculaires en contraste, en définition et en angles de vision. On voit donc très bien la plupart du temps, sauf sous très fort éclairage direct (en plein soleil par exemple). De même, on s’approche vraiment du rendu de la photo. L’inconvénient réside dans la nécessité d’éloigner l’appareil du corps, ce qui est peu pratique pour le tenir efficacement au moment du déclenchement.Vous aimez la photo et avez déjà de bonnes notions mais vous ne pouvez ou ne voulez pas vous encombrer. Alors, le compact expert est fait pour vous ! Et de nouveau, il va falloir choisir entre deux types d’appareils au départ. Si vous pouvez quand même accepter un encombrement supérieur au compact et plus proche de l’hybride, vous aurez un appareil plus polyvalent mais qui autorise une bonne montée en sensibilité. Car de ce point de vue, tous le compacts experts ou presque ont fait le choix d’un capteur CCD 10 Mégapixels un peu plus grand qui suffit largement en résolution et qui monte bien en sensibilité. Probable que les prochaines générations passeront aussi au CMOS éclairé avec un peu plus de pixels… Le compact expert polyvalent offre dans environ 400 grammes un zoom polyvalent assez lumineux, une bonne ergonomie, un écran orientable et un viseur optique. Les deux modèles qui composent la catégorie sont le Nikon P7000 et le Canon G12.
Compacité maximale
L’autre choix est de se retreindre en couverture de zoom avec un traditionnel 3 à 5x pour privilégier la compacité extrême. C’est un choix intéressant pour tous ceux qui veulent avoir sur soi un appareil en permanence. S’il faudra souvent zoomer avec les pieds, ils sont débrayables avec des modes manuels réellement utilisables, leur qualité d’image est bonne en faible lumière en combinant une montée en sensibilité correcte et un zoom lumineux, sans oublier leur compacité extrême et un poids de 200 grammes seulement. Le champion de la catégorie est sans conteste l’Olympus XZ-1 qui mise sur son optique de qualité. Le Canon S95 est séduisant par sa finition, sa qualité et son ergonomie, un peu comme le LX5 de Panasonic.
Si pour vous la photo sert essentiellement à rapporter des souvenirs de vos vacances sans autre ambition que de témoigner mais avec des clichés réussis, optez pour un compact. Cependant, ce type d’appareil dispose de fonctionnalités si diverses et si variées qu’il est quasiment impossible de faire des sous-catégories, si ce n’est par le prix avec une entrée en matière autour de 100 euros pour un appareil tout automatique sans grand raffinement et doté d’un zoom standard – mais qui fait d’excellentes photos en conditions normales jusqu’au modèle à 400 euros qui intègre toutes les avancées technologiques et dispose d’un zoom extrême. Plutôt que de catégoriser, nous allons donc détailler pour vous toutes les fonctionnalités possibles ainsi que leur intérêt en fonction de votre pratique. Vous pourrez ensuite créer un cahier des charges de ce que vous voulez et trouver ainsi le bon modèle assez facilement.
Des compacts intelligents
Commençons par les automatismes. Si vous faite partie de ceux qui misent sur la technique pour réussir un cliché, le degré de sophistication prend de l’importance. En gros, tous les compacts disposent désormais du minimum avec notamment des modes scènes en fonction de la situation. Si les choisir vous importune ou que vous ne voulez pas le faire, il existe des compacts qui détectent la scène automatiquement et adaptent les réglages de l’appareil. Pour prendre deux exemples, si le compact détecte un sujet en mouvement il privilégie la vitesse d’obturation. Si en revanche, un plan fixe est détecté, il privilégie une meilleure profondeur de champ. Oubliez les fonctions gadget comme la détection de sourire mais ne négligez pas en revanche la détection de visages multiples. Autre automatisme qui a fait son apparition récemment, la prise de vue en rafale et la recomposition automatique HDR pour High Dynamic Range ou en Français large plage de contraste. L’appareil prend plusieurs photos très rapidement d’affilé, ce qui est qui est invisible pour l’utilisateur tant la cadence est élevée. À chaque cliché, l’appareil change l’exposition. Il crée ensuite une photo idéale en retenant les zones bien exposées. Cela permet par exemple de réussir une photo en fort contrejour ce qui est virtuellement impossible sinon.
De nouveaux capteurs plus performants
Cela nous amène à la qualité du cliché et plus particulièrement à la capacité de monter en sensibilité pour prendre des photos en basse lumière. Cela devrait être une préoccupation générale pour tous et il faut privilégier les nouveaux capteurs CMOS rétro-éclairés qui font des merveilles. À l’intérieur de cette catégorie, il vaut mieux s’en tenir à la résolution la plus basse en Mpixels, la montée en sensibilité n’en sera que meilleure. La définition apportée par les pixels n’a aucune incidence sur la qualité réelle des photos et aller au-delà des 12 Mpixels n’a aucun sens, si ce n’est l’argument marketing. Pour autant, la qualité du capteur ne fait pas tout. En montant en sensibilité sur ces petits capteurs, du bruit apparait fatalement. Cela se traduit par une matière qui devient granuleuse, particulièrement sur les aplats de couleur comme un ciel bleu par exemple. Le traitement d’image électronique corrige cela avec un effet de lissage. Évidemment, tous les appareils ne sont pas égaux de ce point de vue. Si certaines marques arrivent à corriger le bruit sans trop dégrader l’image, d’autres appliquent un traitement musclé qui par la même occasion élimine aussi les détails ou rend l’image artificielle. Autre incidence directe sur la qualité d’image, celle du zoom. Il est difficile d’en deviner les performances à moins de lire un test mais en général, une optique plus lumineuse sera aussi de meilleure qualité. La qualité finale du cliché, surtout en basse lumière, dépendra donc de trois facteurs qui s’additionnent, la qualité du capteur, celle de l’optique et celle du traitement électronique. Si pour les deux derniers, il est impossible de juger sans tester, pour le capteur la règle d’or sera de privilégier les nouveaux modèles CMOS rétro-éclairés et les valeurs les plus basses en mégapixels.
Super-zoom en standard
Le rapport de zoom est également un sujet qui intéresse tout acquéreur d’un compact, qu’il soit néophyte ou expert. En effet, plus ce rapport est grand et plus il sera aisé de couvrir toutes les situations qui se présentent et ne rater aucune photo. Il faut déjà savoir que le grand angle est plus important que le téléobjectif, alors que l’on pense généralement le contraire. En effet, un grand angle couvre un champ plus large et s’il est souvent possible de s’approcher, s’éloigner est généralement plus compliqué. La valeur standard en grand angle sera de 28 mm. Allez plus loin est devenu fréquent et apporte un peu plus de confort et des possibilités de prises de vue plus originales. Sachez toutefois que sur ces petits objectifs, descendre sous le 25 mm en équivalent nécessite une qualité optique de haute tenue, ce qui n’est pas toujours le cas. Les super-zooms 10x devenus la norme montent généralement jusqu’au 300 mm en équivalent, ce qui correspond déjà à un téléobjectif conséquent. On peut ainsi saisir en plein cadre de sujets déjà fortement éloignés.
Le problème c’est que souvent aux focales les plus longues, la luminosité de l’objectif diminue beaucoup. Et comme il faut un temps d’obturation plus court pour éviter le bougé, on a souvent des photos floues. De plus, la qualité d’image souffre aussi suivant la qualité de l’optique. Pour le choix du zoom, privilégiez toujours l’ouverture de l’objectif à la focale la plus longue. Une stabilisation optique et/ou du capteur aide aussi grandement à limiter le bougé. Aller au-delà du 300 mm en compact est à considérer avec méfiance. D’abord, la qualité souffre d’autant plus mais surtout un compact n’est pas conçu pour de telles focales. Croire que l’on peut faire de la photo animalière avec un petit compact super-zoom est un leurre. Disons qu’une focale encore plus longue pourra servir en dépannage et nécessitera beaucoup d’application. Notre conseil sera de privilégier un zoom raisonnable, au maximum 10x, qui va typiquement du 28 au 280 mm en équivalent.
Ergonomie selon usage
L’ergonomie est également un point important et qui dépend plus de votre pratique que d’une montée en gamme financière. Si vous n’utilisez que les automatismes, un appareil doté d’un grand écran tactile est un vrai plus. Cela libère la place des boutons pour qu’il soit de plus grande taille justement. Le choix des modes automatiques ou même le cadrage d’un sujet se fait du bout du doigt, ce qui est agréable et on pourra se servir de l’appareil comme album photo. Si à l’inverse, vous utilisez les modes avancés régulièrement, alors une ergonomie une commande, un bouton et une molette rotative de sélection seront plus adaptées. Si vous voulez pouvoir décider de la vitesse et de l’obturation, gare à ce que l’appareil dispose d’un vrai diaphragme et pas d’un simple filtre de gris qui limite grandement les possibilités dans ce sens.
Et tutti quanti
Un mot pour finir sur les fonctions annexes qui peuvent – selon vos usages là encore – avoir de l’importance ou pas. La vidéo HD se répand de plus en plus et en haut de gamme, on passe maintenant au Full-HD. Cette dernière avancée n’est pas vraiment nécessaire car cela augmente le risque de bougé déjà grand sur un compact. Mais généralement, la vidéo Full-HD s’accompagne aussi de fonctions vidéos plus sophistiqués. Vous pourrez toujours choisir d’en rester au 720p la plupart du temps. Bien plus important, le type de fichier utilisé. Il faut clairement privilégier les formats standards du PC comme le AVI H.264, le DivX ou similaire. Autre point important, est-il possible de zoomer en filmant ? De même, la réactivité de l’autofocus en mode vidéo est essentielle ce que vous ne pourrez savoir à moins d’essayer. De plus en plus d’appareils intègrent un GPS pour localiser les clichés. Cela peut avoir un intérêt lors d’un voyage par exemple. Il est plutôt plaisant de constater que de plus en plus de constructeurs proposent le GPS sur un modèle identique un peu plus onéreux, ce qui évite de payer pour si on n’en a pas l’utilité.
Enfin, il y a la mode du connecté qui arrive aussi sur l’appareil photo. Disons-le tout net, le fait d’envoyer les photos en WiFi n’a aucun intérêt, tant il est simple de déplacer la carte mémoire. Il en va de même pour la mise en ligne directe sur un site ce qui se fait bien plus rapidement sur un ordinateur. En revanche, les compacts sont aussi en passe de devenir DLNA. Cette norme de partage universelle permet ainsi de voir directement les clichés sur un appareil compatible comme une tablette ou un téléviseur, le tout sans fil. C’est vraiment pratique et évite de sortir le câble HDMI. Enfin, arrivent aussi des fonctions plus ou moins gadgets qui lient le compact à d’autres appareils comme un smartphone qui peut alors servir à viser et à prendre une photo. Cela peut avoir un intérêt dans certaines situations, par exemple quand on a besoin de poser l’appareil pour éviter de bouger.
Ouverture et vitesse
Si la totalité des appareils est désormais capable de régler tous les paramètres de prise de vue automatiquement en fonction de la situation, il peut être intéressant de reprendre les choses en main. Déjà parce que même l’automatisme le plus perfectionné ne dispose pas de la capacité d’analyse du cerveau humain aidé par ses deux yeux. Et surtout, on peut vouloir que ce ne soit pas parfait techniquement pour donner un patte personnelle au cliché. C’est tout l’intérêt de la photographie en tant qu’expression artistique. Un flou peut être voulu ! Les deux paramètres déterminant pour influer sur une photo par soi-même sont la vitesse d’obturation – ou autrement dit le temps que l’on expose le capteur à la scène – et le degré d’ouverture de l’optique. Pour cela, l’objectif dispose d’un diaphragme qui referme progressivement l’ouverture pour laisser passer moins de lumière. Les deux paramètres se combinent pour une exposition dite idéale avec des blancs qui sont blancs et des noirs qui sont noirs, une image pas trop claire ni trop foncée.
Le problème, c’est que ce n’est pas une valeur absolue et qu’elle dépend notamment de l’éclairage ambiant. Ainsi, une photo réalisée sous un soleil laiteux en Asie sera perçue comme trop claire alors que son exposition est parfaite. Pour jouer sur l’exposition globale, les appareils sophistiqués proposent une correction qui éclaircit ou assombrit la photo (indice IL). Les modes automatiques vous permettent d’influer sur un des deux paramètres de l’exposition, la vitesse ou l’ouverture alors que l’appareil ajuste l’autre pour conserver une exposition juste. Quel intérêt ? En augmentant la vitesse, vous pouvez saisir un mouvement rapide sans risque de bougé. En réduisant l’ouverture par exemple en passant de f:/2 à f:/8, vous allez agrandir la profondeur de champ avec pour effet de conserver la netteté sur plusieurs plans, par exemple un chien au premier plan et un arbre au second. Et ce ne sont là que des exemples pour réussir une prise de vue. Vous pourrez également jouer sur ces paramètres pour créer des photos artistiques avec des effets de flous.
La 3D
On parle beaucoup de 3D pour le cinéma et le jeu vidéo. Et d’ailleurs, les téléviseurs et les ordinateurs s’y mettent de plus en plus. Alors pourquoi pas la photo ? C’est une excellente idée et un appareil dédié comme le Fujifilm W3 ouvre une toute nouvelle voie, celle de la photo en relief. C’est passionnant et les résultats obtenus impressionnent vraiment, d’autant que le W3 les réussit facilement ce qui permet de comprendre l’apport créatif de la 3D. Les autres constructeurs clament une compatibilité 3D sur leurs compacts. En fait, il s’agit de prendre plusieurs vues en panorama ou de créer artificiellement le décalage. Si cela peut être amusant une fois ou deux, il n’y a que deux objectifs et deux capteurs qui donnent un résultat vraiment probant.