Sauver les « petits commerçants » du méchant Web

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shop3.jpgTelle est la volonté de plusieurs sénateurs UMP qui viennent de déposer une « Proposition de loi visant à protéger les commerçants de centre-ville ». L’argumentaire est simple et repose sur un constat évident : de plus en plus de consommateurs privilégient l’achat sur Internet, où les prix sont plus intéressants que dans les boutiques physiques : « Le commerce de centre-ville connaît de graves difficultés depuis longtemps. Il y a quelques semaines nous apprenions que l’entreprise Virgin Megastore, qui emploie plus d’un millier de salariés, incapable de régler ses dettes, déposait son bilan, entreprise qui avait elle-même été responsable, comme d’autres grands distributeurs de produits culturels, de la disparition de nombreux magasins de vente de disques et autres commerces de centre-ville ! Cette entreprise est concurrencée par les grandes plateformes de distributions de ces produits, situées hors de France. Le cas de cette célèbre entreprise reflète la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui des milliers de commerce de centre-ville, même de taille importante, qui doivent faire face à une concurrence impitoyable du commerce en ligne. »

Si cette affirmation à des relents de vérité, Virgin n’est pas la seule entreprise touchée, et certaines ont d’ores et déjà disparu. C’est le cas de Game ou encore Surcouf, deux enseignes « de taille importante » qui n’ont pas supporté le choc. Sauf que vouloir résumer tout cela par un simple « c’est la faute du net ! » est sans doute un peu (beaucoup) réducteur, la gestion des entreprises concernées, le changement des habitudes de consommation, la crise économique, et surtout la transformation du paysage culturel mondial sont autant de facteurs de bouleversements.

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Reste que l’ambition de la loi proposée par les sénateurs est de favoriser une concurrence moins sauvage entre magasins et sites Internet. Ainsi il est question d’ajouter un Article unique, le I de l’article L. 442-6 du code de commerce devant être complété par un alinéa 14° ainsi rédigé : « 14° De vendre sur un site internet à un prix inférieur au prix d’achat négocié entre fournisseur et distributeur, augmenté de la marge brute du distributeur, moins de trois mois après la mise sur le marché du produit par le fournisseur. »

Parmi les autres arguments avancés, la proposition évoque le fait que « Aujourd’hui, indépendamment de la marge nécessaire à la pratique d’une activité commerciale, les prix pratiqués par les distributeurs de centre-ville sont souvent beaucoup plus importants que les prix pratiqués par leurs fournisseurs sur leur site de vente en ligne. Les distributeurs de centre-ville sont ainsi réduits à de simple vitrine d’exposition ou les gens viennent repérer les produits pour ensuite les acheter en ligne. » Le problème est que le 18 septembre dernier, les conclusions d’une étude menée par l’Autorité de la concurrence ne laissaient pas de place à un tel débat en affirmant que : « la liberté de négociation des opérateurs ne leur permet pas pour autant de convenir de conditions d’achat ou de fourniture qui pourraient limiter de façon injustifiée la pression concurrentielle exercée par les opérateurs en ligne sur les distributeurs traditionnels ». En termes plus clairs : les sites de vente en ligne ne peuvent souffrir d’un désavantage par rapport aux boutiques de nos villes.

Quoiqu’il en soit, la discussion ne devrait pas s’envenimer au-delà du raisonnable et il est peu probable que cette loi soit adoptée. Elle irait peut-être contre les attentes et besoins de la population qui commence à trouver un équilibre entre achat en magasins et en ligne, les deux n’étant pas incompatibles. Et s’il est vrai qu’il est courant de trouver des produits entre 10 et 30% moins chers sur le net (en fonction des secteurs), la solution n’est sûrement pas de museler le réseau au profit du physique. Les temps changent et faire marche-arrière semble inconcevable au plus grand nombre. Et vous, plutôt commerce en ligne ou en boutiques ?

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