Devant certaines news, on ne peut s’empêcher de revivre les émotions qui ont fait vibrer nos cordes sensibles qui nous poussaient à inévitablement soutenir Évian face au PSG, le petit poucet devant l’ogre, les ewoks devant les AT-ST de l’empire sur la lune d’Endor, les hobbits devant les orcs.
Intrinsèquement, on fait preuve de compassion, d’empathie pour le plus faible, à moins d’être un serial killer pour qui la distinction entre le bien et le mal est un peu floue.
Aujourd’hui, on a un peu envie de dire fuck à l’ogre.
Qui sont nos loosers du jour ? Le groupe toulousain des bubblies. Une création de 1991 – la date est importante – sept albums à leur actif. Allez, je vous avoue, je n’ai même pas écouté leur musique. Ils pourraient sortir des albums de vuvuzela, j’écrirais exactement la même news. Il se trouve que c’est un groupe de rock, que sur les photos ils ont des bonnes têtes.
En parlant de tête, y’en a d’autres qui ont des bonnes têtes de vainqueur, ce sont les responsables de King, le célèbre éditeur de jeux vidéo navrant dont la forte médiocrité n’a d’égal que sa forte capacité à utiliser des recours juridiques. Figurez-vous que King a démandé au Bubblies de se débaptiser parce que leur nom de scène ressemblait un peu trop au jeu Bubble Witch Saga. Mettons donc côte à côte le nom de scène et le nom du jeu.
Bubblies. Bubble Witch Saga.
Je pense qu’implicitement, King veut nous expliquer que les utilisateurs de leurs jeux ne savent pas lire, ou quelque chose de ce genre. Et qu’ils sont suffisamment idiots pour confondre jeu vidéo et groupe de rock toulousain. À leur place, je me sentirais un peu insulté mais passons.
Une chronologie s’impose. Les Bubblies naissent en 91. Douze ans plus tard, en 2003, King est créé. Huit ans plus tard apparait le premier jeu sur mobile de King ; il s’agit de Bubble Witch. 20 ans après la création du groupe. Naïvement, je pensais que l’antériorité était systématiquement appliquée au premier dépôt de marque et que de toute façon, il fallait jouer dans le même domaine de marques (l’exemple que l’on vous donne toujours à l’INPI, c’est Mont Blanc qui peut être une crème dessert ou des stylos ; les deux marques ne sont bien entendu pas liées). Sur le fond, sur quelle base juridique King se base pour troller ainsi en justice ? Sur la forme, qui n’arrive pas à faire la différence entre le nom du groupe et le nom du jeu ?
Ce qui est proprement hallucinant, c’est de constater que si King a effectivement sa place dans des affaires de propriété intellectuelle, ça devrait être dans le camp des défenseurs. Leurs jeux sont plus que des œuvres inspirées de tel ou tel ancien jeu. Mais ça, évidemment, devant un tribunal, ça se discute, ça prend des années et c’est souvent le plus fort qui gagne. Le plus fort, c’est celui qui a le plus de pognon.
Mais allons un peu plus loin dans le raisonnement tordu de King. Pourquoi ne pas attaquer Michael Bublé le crooner qui, en 2006 dans son album With Love a totalement pété les plombs en enregistrant la chanson I’ve got a crush on you. Bublé ! Crush ! À la place de King, je proposerai directement la suppression de cette chanson dans cet album et l’interdiction de vente ; surtout que Bublé l’a enregistré après la création de King, il aurait pu prévoir que cinq ans plus tard, le studio aurait la mainmise sur tous les trucs qui commencent par Bub et les mots Saga ou Crush. Ou voudrait avoir cette mainmise.
On espère simplement que l’histoire se résoudra vite pour les Bubblies, sans perte de temps et d’énergie, avec probablement une notoriété renforcée grâce à un effet Streisand.
Et si d’autres pouvaient s’étouffer avec leurs bonbons pourris…