Partager la publication "Test Astell&Kern AK Jr : baladeur audiophile presque démocratique"
Pour l’audiophile, le smartphone est un dilemme. D’un côté, il peut y stocker toutes ses musiques pour les écouter en déplacement mais d’un autre, le rendu n’est pas de grande qualité, les convertisseurs intégrés ne valant que quelques centimes. D’où l’idée d’un baladeur dédié, appareil dans lequel Astell&Kern s’est spécialisé mais à des tarifs astronomiques. Nommé Jr, le petit dernier est presque abordable mais vaut quand même le prix d’un smartphone haut de gamme.
Les baladeurs audiophiles d’Astell&Kern offrent une qualité de son impressionnante à un prix qui ne l’est pas moins. La marque coréenne se décide enfin à sortir un modèle plus populaire à un tarif presque démocratique de 600 euros. De plus, le Jr est fin et peu encombrant, de la taille d’un petit smartphone. Pour autant, A&K n’a pas lésiné sur la qualité et il n’y a que l’appellation Jr, pour Junior, qui ne semble guère en adéquation avec le produit. Entièrement réalisé en aluminium, c’est un bel objet. Le design tout en angles et en biseaux n’est pas vraiment dans la tendance actuelle mais c’est une affaire de goût personnel. Le dos façon Xperia Z de Sony est revêtu d’une couche en plastique transparent qui laisse voir le dos à motifs en métal. C’est assez joli. Les angles pointus impliquent malheureusement une manipulation qui n’est pas très agréable.
Astell&Kern AK Jr : tactile mais peu réactif
Le baladeur se commande principalement par le bel écran tactile couleur et suffisamment grand (3,1 pouces). Il réagit bien et sa lisibilité est de bonne facture, avec suffisamment de contraste et assez peu de reflets pour du tactile brillant. La lecture et la mise sous tension se commandent par des boutons physiques, tout comme le volume se règle par une molette légèrement crantée et très pratique.
L’interface est propriétaire mais basée sur Android. Comme sur les précédents modèles, le démarrage est assez long. L’interface est bien conçue avec un lecteur simple et pratique. L’ensemble est de surcroit esthétique ce qui ne gâche rien. On peut naviguer par album, artiste, genre et playlists, l’indexation du lecteur étant vraiment performante. On peut aussi accéder à la musique par les répertoires que l’on a créés. Un égaliseur très performant est de la partie aussi. L’ergonomie est satisfaisante si ce n’est que le temps de chargement des images est long et que le défilement des morceaux très saccadé. C’est sans doute imputable à un processeur un peu trop léger pour gérer l’interface, limite à ce prix.
Astell&Kern AK Jr : simple et bien équipé
Pour copier les morceaux dans le baladeur, il suffit d’effectuer un glisser / déposer une fois connecté à l’ordinateur en USB. La prise est d’ailleurs standard en micro-USB ce qui permet d‘utiliser n’importe quel câble. La recharge s’effectue aussi par ce biais et l’autonomie est d’une douzaine d’heures en usage courant ce qui semble correct pour un baladeur mais franchement faible comparé à un smartphone. Pour le transfert de la musique, le mieux est de procéder par répertoires et dans l’ordre par artiste puis par album.
Le baladeur indexe correctement peu importe le rangement, tant qu’il arrive à identifier les morceaux. En rangeant logiquement, on peut aussi accéder à la musique par les dossiers ce qui reste la manière la plus certaine de s’y retrouver. A signaler que l’on peut aussi diffuser en Bluetooth sur une enceinte idoine mais ce n’est évidemment pas la vocation d‘un baladeur audiophile, disons que cela peut servir à l’occasion. Plus intéressant, le Jr peut servir de DAC USB. Ainsi, on peut le connecter sur la prise USB d’un notebook et ensuite brancher le casque dessus ce qui améliore la qualité de rendu en l’absence d’une puce sonore de qualité sur l’ordinateur. Pour le stockage, le baladeur intègre 64 Go que l’on peut étendre par une carte micro-SD de 64 Go supplémentaires. L’espace est donc suffisant, même pour les plus boulimiques.
Astell&Kern AK Jr : convertisseur de qualité
Dépenser une telle somme pour un baladeur qui fait doublon avec le smartphone ne peut que se justifier si la qualité d’écoute est sensiblement meilleure ce qui suppose déjà un casque de grande qualité, nous y reviendrons. Le convertisseur est la pièce maîtresse qui détermine l’écoute et on est un peu surpris de ne pas trouver un Cirrus Logic CS4398, ce qui se fait de mieux dans le genre et utilisé sur la plupart des autres modèles de la marque et équivalents. En l’occurrence, il s’agit ici d’un Wolfson WM8740. Ce n’est pas vraiment une question de prix car les deux valent une dizaine de dollars par mille. Cette puce jouit d’une excellente réputation et convertit jusqu’au 24 bits en 192 KHz comme le Cirrus Logic. Les DSD ne sont lus que jusqu’au 2,8 MHz et sont transcodé en PCM avant d’être convertis.
Ce dernier point n’a guère d’importance car de toute manière les morceaux en DSD 5,6 ne courent pas les rues. Il n’y a aucune raison de douter de ce convertisseur, sachant qu’il est notamment employé sur de très bons lecteurs CD par des marques comme Cambridge Audio, Rotel et Arkam. Par rapport à son précédent modèle le moins onéreux qui vaut tout de même 1 000 euros, Astell&Kern clame par ailleurs avoir augmenté significativement le niveau de sortie pour s’accorder avec plus de casques du marché. De même l’impédance a été baissée à 2 Ohms ce qui en théorie devrait améliorer la fidélité. Ceci étant, tout cela reste de la spécificité technique qui est plutôt rassurante certes, mais au final c’est le résultat à l’écoute qui compte.
Astell&Kern AK Jr : un casque à la hauteur
Déjà, il ne sert à rien d’investir 600 euros dans un baladeur si le casque n’est pas à la hauteur, soit dans les mêmes ordres de prix. Nous avons utilisé les intras Final Audio Piano Forte X (3 000 euros) et Heaven VIII (600 euros) ainsi que le supra Audio-Technica ATH-ESW11 LTD (700 euros). Juste pour voir, nous avons aussi essayé avec un Sennheiser Momentum (200 euros). Ensuite, nous avons comparé le tout à un iPhone 6 équipé du lecteur Capriccio et au convertisseur USB Korg DAC-100 branché sur un ordinateur.
Astell&Kern AK Jr : tout dépend
Sans surprise, la différence avec l’iPhone 6 est d’autant plus flagrante que l’on monte en gamme par le casque et la qualité de fichier, comme d’enregistrement. De manière générale, le rendu est plus équilibré sur le Jr avec des voix qui n’occultent pas le reste de la musique, par exemple. Les instruments sont mieux séparés, il y a plus de présence et plus de dynamique. C’est déjà vrai sur un fichier FLAC en 16 Bits / 44 KHz. Bien entendu sur Guilty Pleasures de Renée Flemming en 24 / 96 et surtout un des meilleurs enregistrements disponibles à ce jour, c’est encore plus flagrant, surtout avec des intra-auriculaires haut de gamme. D’une restitution un peu terne avec une voix qui écrase le reste, on passe au subtil avec surtout une aération spectaculaire du son. En revanche, il est tout aussi évident qu’en utilisant un Sennheiser Momentum à 200 euros, la différence n’est pas flagrante, perceptible mais pas suffisante pour justifier un baladeur à c eprix. Avec l’Audio Technica ESW11, on passe déjà à un autre niveau, surtout pour l’ouverture, la dynamique et l’aération du rendu.
Astell&Kern AK Jr : privilégier un intra
Mais c’est avec les intras que le baladeur se justifie vraiment. Le couple Final Audio Heaven VIII et AK Jr sont parfaitement accordés (et pas seulement au niveau du prix) pour aboutir à un rendu enthousiasmant. C’est ouvert, aéré, dynamique et précis mais en même temps rond et chaleureux. Le passage aux Piano Forte apporte une plus grande clarté et plus de précision avec un effet salle de concert en plus. C’est le moment de comparer au Korg et à son convertisseur Cirrus Logic. Avec les casques supra, difficile de percevoir la différence mais sur les intras, on remarque que le Korg produit un rendu plus neutre, moins rond. Comme le Heaven VIII a déjà une tendance à rendre le son plus chaud, on perçoit une amélioration de la clarté sur le Korg. Enfin, avec les Piano Forte, le Korg fait un meilleur travail si on cherche la fidélité absolue. En conclusion, le baladeur Jr offre un rendu exceptionnel, pour peu que le fichier et l’enregistrement soient de qualité, mais la restitution est aussi un peu colorée, un peu arrondie, ce qui n’est pas une critique en soi.
Astell&Kern AK Jr : le baladeur audiophile que l’on attendait ?
Alors, le Jr est-il une bonne affaire ? Oui sans aucun doute si on sait ce que l’on veut. Déjà, le casque ne devra pas aller à l’encontre du baladeur en permettant une bonne ouverture et aération du son. Comprenez par là qu’un casque audiophile circum-auriculaire ouvert sera plus adapté. Mais comme c’est un baladeur, on l’utilisera plutôt avec un supra et dans ce cas, il faut aller chercher du haut de gamme nomade qui assure une reproduction fidèle sans ajouter ou retirer quoi que ce soit. C’est surtout avec des intras haut de gamme que le Jr se justifie. Ca tombe bien, l’ensemble est cohérent en termes de prix et d’encombrement. Le Jr donne de l’ouverture, de la dynamique, de équilibre et de l’aération, avec un rendu qui arrondit un peu des intras souvent un poil agressif. Si on aime la dynamique, la présence et la rondeur, le couple Jr et Final Audio Heaven VIII frôle la perfection. Si on recherche un rendu audiophile parfaitement fidèle sans aucune prise de position, il est probable que les baladeurs plus haut de gamme chez Astell ou le Sony NWZ seront plus adaptés. Sinon, l’encombrement et le poids sont pratiques, l’autonomie et l’espace disponible suffisants ; l’ergonomie et l’interface sont agréables mais cette dernière manque un peu de fluidité.
Caractéristiques
Type
baladeur
Ecran
3,1 pouces tactile LCD (240×400 pixels)
Mémoire
64 Go + emplacement micro-SQD (64 Go maximum)
Convertisseur
Wolfson WM8740 jusqu’à 24 Bits / 192 KHz
Sortie
mini-jack
Sortie dans fil
Bluetooth
Fichiers audio
FLAC, AAC, ALAC, AIFF, MP3, OGG, WAV, WMA, DSD (2,8)
Taille
52,9 x 117 x8,9 mm
Poids
93 grammes
Prix
Astell&Kern AK Jr 599 euros