The Witcher 3 Wild Hunt : Le test

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Des années qu’au boulot, les amateurs de jeux de rôle de type médiéval n’en finissent plus de ressasser les mêmes aventures, les mêmes anecdotes d’un jeu qu’ils ont plié dans tous les sens, malgré l’univers immense. Rester bloquer sur Skyrim pendant autant de temps devenait franchement désespérant. On a désormais une relève, dans un tout autre style qui alimentera les conversations des machines à café pendant… Allez, disons quelques années.

Autant le dire tout de go, les deux premiers The Witcher ne se sont pas imposés à moi comme un souvenir inoubliable. Des bons jeux, certes, mais que je n’ai pas réinstallé depuis que j’y ai joué au moment de leurs sorties respectives, ça veut tout dire. Plus ambitieux, à tous les niveaux, The Witcher 3 m’aura fait changer d’avis. C’est cet opus qui fera rentrer la série dans les licences incontournables. La question est de savoir s’il s’agit du meilleur RPG open world jamais pondu. De toute façon, de par l’ambition, le nombre de jeux concurrents est une short list. On a les jeux Bethesda et les jeux Bioware. Plus les jeux Bethesda en réalité. La comparaison avec les Bioware n’apparait que dans les coquineries qui font peut-être rougir les lève-tôt du dimanche matin et qui feront esquisser un pâle sourire aux autres dans la mesure où on en voit « plus » dans un reportage de TF1 sur les réouvertures des plages. Non, le vrai concurrent, c’est la production Bethesda. Seulement, Skyrim, ça commence à ne plus être tout à fait frais, on a créé des persos bi-classés hautement improbables, juste pour voir et on connait la carte sur le bout des doigts.

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The Witcher 3, c’est digne des plus grands mondes ouverts et c’est peut-être le meilleur. Ce que je cherche dans ce genre d’univers, c’est le sens du détail, l’accumulation de plein de petites choses qui additionnées les unes aux autres rendent le jeu hautement crédible. En ce moment, je joue à WOW – ça, vous le savez – et je regarde de nouveau l’excellente série de Canal +, Hard, les deux premières saisons, la prochaine arrivant bientôt, je me remets à jour. C’est l’histoire d’une veuve qui découvre que son mari était producteur de films X. Au cours des premiers épisodes, elle demande à ce qu’on lui présente les projets en cours. On lui lit les scénarios ; ça se conclut inévitablement par « et là, ben, ils baisent ». Elle déteste ces projets que l’on qualifiera de « gonzo », à réflexion minimale. J’ai pas mal réfléchi aux différents jeux open world, ainsi qu’aux MMO, WOW en tête. C’est gonzo : on nous propose des centaines, voir des milliers de quêtes à la chaine, toutes déclinées sur le même modèle : ramasser 10 carottes, tuer X ennemis, looter Y poignards de compétition, parler à bidule, tuer ce boss. The Witcher 3 est-il bon ? En quelques heures, on ne le sait pas encore ; mais une chose est certaine : on se demande si dans WOW les concepteurs de quêtes ne se reposent pas un peu sur leurs lauriers.

Un storytelling digne d’une série TV

En effet, une quête dans The Witcher 3, c’est vraiment une aventure en tant que telle, servie sur un plateau d’argent, des émotions qui se lisent sur le visage, un sens, un conflit, des conséquences parfois autrement plus intéressantes que quelques piécettes et un peu d’XP. La chose qui m’a littéralement le plus enchanté, c’est qu’il est possible de nettoyer des zones de certaines créatures de voir des humains venir s’implanter dans cet ex endroit mal famé. Je n’en peux plus de ces ennemis qui repopent depuis plus de dix ans irrémédiablement en Kalimdor. Je n’en peux plus des travaux en cours à Hurlevent suite à l’envol d’Aile de Mort à l’extension Cataclysm : de loin les ouvriers les moins efficaces du jeu vidéo. Avec The Witcher 3, si le diable est dans les détails, l’équipe de développement est très clairement une secte satanique.

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Ah oui, et puis c’est beau. Je ne dis pas que certains bugs n’ont pas un peu refroidi l’atmosphère à certains moments mais c’est un open world et on pardonne beaucoup à ce type de jeu. Même si certains problèmes rappelaient vraiment ceux d’Assassin’s Creed Unity (personnage en lévitation, collisions douteuses…), ce qui refroidit, naturellement. La version PC est de loin la plus belle de toutes et une fois de plus, quand un éditeur se prend un peu la tête à fignoler une version PC, on a de beaux tableaux des réglages des paramètres pour alléger, ou pas, le boulot du GPU. Là, contrairement à GTA, le but n’est pas d’atteindre les 60 FPS, on fait ce que l’on veut, on booste comme un cochon tous les aspects graphiques qui nous intéressent. À moins d’avoir une bécane de course de dernière génération, le jeu ne sera pas fluide si vous mettez tout à fond. Mais ce sera somptueux. Curieusement la flotte n’est pas très convaincante, c’est le seul point noir à noter. Disons qu’il existe pas mal de jeux bien plus modestes qui bénéficient d’effets aquatiques aussi réussis. Le jeu étant une tuerie graphique de tous les instants, ce manque d’effet « waouh » devant de la flotte m’a un peu étonné. Passons, c’est peanuts.

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Et puis gardons-nous d’avis tranchés et définitifs sur un opus de The Witcher. Le studio a toujours su revenir sur chaque jeu de la plus belle façon. Si ma mémoire est bonne, c’est une sublime Enhanced Edition qui nous avait fait replonger dans le second opus pour profiter des dernières technologies DirectX et peaufiner de la plus belle façon un jeu déjà spectaculaire.

La mode albinos revient sur le devant de la scène

Certains mécanismes du jeu sont assez géniaux. Les combats par exemple. Cela faisait longtemps que je n’étais pas tombé sur un jeu aussi exigeant tactiquement. On ne s’acharne pas sur les deux ou trois mêmes touches pendant une rencontre avec une créature hostile. On esquive, on attaque, on pare, on se sert de choses issues du crafting. C’est complet, complexe, old school. Tiens, en parlant de concept un peu vieillot… L’inventaire. Depuis des années, c’est totalement désespérant entièrement irréaliste. Je reviens sur WOW mais c’est l’archétype et j’ai un exemple assez frappant. Mon personnage principal doit avoir une centaine de places disponibles dans les cases vides de ses sacs. Parmi les objets qu’il trimbale, une enclume portative. Le mot « portative », évidemment, ça semble light, presque aérien. Dans vos sacs, ce genre d’objet, c’est la même chose qu’une plume du premier pigeon venu. Dans Wild Hunt, chaque objet a un poids ; le sac est infini mais le poids que peut trimbaler le héros ne l’est pas. La dernière fois que j’avais vu ça, c’était sur Asheron’s Call. Oui, ça remonte un peu.

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À l’heure qu’il est, je n’ai pas encore terminé la quête principale. Tout simplement parce que j’aime bien flâner et préférer les rues secondaires à la grande avenue histoire de ne rien louper. Alors forcément, ça ne progresse pas à une vitesse supersonique. Mais je n’ai jamais l’impression d’une quelconque répétition et ça fait 50 heures que ça dure, sans voir franchement le bout du jeu, loin de là : encore beaucoup de zones à découvrir, par exemple. Si la carte était un indicateur de progression, je dirai que j’en suis à 50% et qu’avec mon rythme de sénateur, je devrai avoir bouclé l’affaire en plus de cent heures. Enfin, après, ça peut durer beaucoup plus longtemps. Dans The Witcher 3, on a par exemple un jeu de cartes, le gwynt, qui est particulièrement chronophage, sur lequel on peut aussi passer des heures entières.

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Difficile d’utiliser encore mon dico des superlatifs alors qu’il y a deux semaines, c’est GTA V PC que j’encensais. Disons que je ne regrette absolument pas qu’EreNum ait décidé de publier un test tous les vendredis, c’était franchement la bonne période pour reprendre cette bonne habitude. Difficile de dire si The Witcher 3 est plus indispensable que GTA V, tant les univers sont différents, pour commencer. En tout cas, si vous comptez sur votre période estivale pour plier ces jeux, sachez que ce seront des vacances réussies.

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9/10

Les Plus

  • Un univers riche qui fourmille de détails
  • Des combats vraiment bien fichus
  • Une réussite technique

Les Moins

  • Pour chipoter : le rendu graphique de l’eau
  • Quelques bugs du moteur physique

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