Ceux qui craignaient que la disparition de Steve Jobs entraîne une (r)évolution d’Apple, que de plus en plus d’actionnaires et de clients appellent pourtant de leurs vœux, seront rassurés par le discours de Tim Cook, actuel directeur général de l’entreprise. D’ailleurs, en l’écoutant parler, le mimétisme avec l’ex-leader est flagrant tant Cook partage la « vision » tracée par Jobs. Ainsi il affirme que ce qui compte ce n’est pas ce qui va changer, mais ce qui va rester pareil ! « Apple a une culture unique qui correspond à son statut d’entreprise unique. Personne ne peut la cloner, et je ne serais ni le témoin, ni celui qui précipitera le démantèlement de cette entité. En fait, nous devons rester concentrés sur une poignée d’objectifs, nous concentrer sur les marchés sur lesquels nous pouvons apporter une contribution significative, au-delà de l’idée seule de vendre beaucoup de produits. Nous regardons toujours vers l’avenir. »
A l’écoute de cet entretien, on se demande si finalement ce n’est pas le spectre de la stagnation plutôt que de la dépression qui plane au-dessus d’Apple. A l’instar du studio Disney suite à la mort de Walt Disney, la firme de Cupertino est face à un gouffre béant. Craignant de trahir l’esprit de son fondateur, le célèbre studio d’animation n’était pas parvenu à rebondir, la renaissance n’intervenant que des années plus tard au sortir d’une longue traversée du désert.
Apple est dans la même situation : l’image de Steve Jobs est sans doute trop pesante pour que l’entreprise accepte, tout de suite, de vivre une existence propre. Et il faudra sans doute attendre un peu avant qu’Apple ose s’aventurer par-delà les frontières de l’infini pour entamer une nouvelle ère. Mais un tel voyage ne sera pas sans conséquence, entraîne une peur inévitable, et bouleversera sans aucun doute beaucoup de certitudes. Mais à l’heure où de plus en plus de clients/observateurs fustigent l’arrivée prochaine de l’iPad3 et son manque (probable ?) d’innovations, Apple doit faire face à son plus grand défi : se réinventer. Tim Cook sera-t-il la tête de pont de ce changement ou un formidable, mais simple passeur de flambeau entre un glorieux passé et un avenir révolutionnaire et nécessaire ?
