C’est demain que Xavier Niel pourra souffler la première bougie de Free Mobile. Curieusement, l’anniversaire du quatrième opérateur ne fait pas couler énormément d’encre alors que depuis un an, dès que Xavier Niel bougeait le petit doigt, ça avait pour conséquence une pleine page saumon dans le Figaro et des dizaines de milliers de tweets, de pour et de contre.
Petit bilan ? Allez, c’est parti.
Tout commence comme un jeu de piste ; Free distille des indices mais personne n’est dupe : on sait que ce sera ce quatrième opérateur. On connait également ses intentions : faire à la téléphonie ce que Free a fait avec Internet, un service abordable, probablement basé sur le système américain. On imagine déjà des abonnements familiaux, illimités.
10 janvier 2012. C’est lors d’une conférence dont tout le monde se souvient que Xavier Niel explique à quel point les utilisateurs des trois gros prestataires ont été des pigeons. La conférence est aussi agressive que les forfaits proposés ; Bouygues, SFR et Orange s’en prennent vraiment plein la tronche. Niel promet de la clarté dans les contrats. D’ailleurs, il ne propose que deux forfaits : l’illimité, 20 euros (15 pour les abonnés à Internet via Free) ou le 2 euros (gratuit pour les internautes de chez Free). Du pur délire. Un énorme coup de pied dans la fourmilière. Bien évidemment, la conférence suscite tantôt l’enthousiasme, tantôt la méfiance. Les trois opérateurs digèrent très mal le fait de se faire insulter. Bien évidemment, un forfait gratos, les charges permanentes contre ses futurs concurrents pourraient faire de Niel un affreux démago. Il balaie ça d’un revers de main en rappelant que Free, ce n’est pas le pays des bisounours et que sur les forfaits à deux euros, ils vont gagner du fric. Bien entendu, c’est pour porter l’estocade aux concurrents.
C’est l’enthousiasme du côté des consommateurs. Free reste cependant assez discret sur les chiffres. Mais on connait tous chacun deux ou trois personnes qui résilient chez les trois autres pour troquer un abonnement à 60 euros contre un illimité Free. Personnellement, j’ai même une crainte : Niel est parti sur une base de trois millions d’abonnements. Que se passe-t-il lors du 3.000.001ème appel ? Dans le doute, je prends deux forfaits !
Mais le lancement est entaché par de sérieux problèmes techniques. Ça dure un peu moins d’un mois. La faute à l’itinérance parait-il. Free se sert d’une partie du réseau d’Orange pour combler les zones dans lesquelles l’opérateur n’est pas installé. C’est le principe de l’itinérance et Orange et Free se rejette la faute. Sans pour autant aller trop loin : c’est une manne considérable d’argent pour Orange et Free a un besoin absolu des structures de celui-ci. Les utilisateurs prennent leur mal en patience et au bout d’un mois très pénible, les choses rentrent dans l’ordre. Mais on a eu un peu peur.
Et quelque chose d’inattendu se passe : petit à petit, quelques prestataires commencent à s’aligner sur les tarifs de Free, principalement les MVNO.
Les concurrents changent alors leur fusil d’épaule en opposant cet argument imparable : Xavier Niel et Free provoquent du chômage. C’est évidemment un argument massue. Comme si la venue d’un nouvel opérateur provoquait un rapport direct d’une cause à une conséquence. Par les temps qui courent, être marqué du sceau de fabriquant de sans-emplois, ce n’est pas franchement une bonne image. Mais le pire, c’est qu’un ministre – dont on n’a pas encore bien compris l’utilité à ce jour – reprend ce discours. On nous explique aussi que l’arrivée de Free provoque des délocalisations, comme si les plateformes de hotlines migrant en Afrique du Nord ou en Inde étaient une totale nouveauté ! Comme si les plans sociaux chez les trois historiques étaient de l’inédit.
Voilà, c’était la petite histoire de Free Mobile dans un petit article. À l’occasion, on a quand même appris un chiffre. Free Mobile, ce sont bientôt 5 millions de numéro de téléphone. Un record. Curieusement, Niel a le triomphe modeste, pour une fois.
Attention, nous ne sommes pas non plus nés de la dernière pluie et on sait très bien que Free est là pour faire du business. Oui mais voilà, Niel est peut-être un des rares types qui en dix ans a permis aux revenus modestes de ne pas claquer trop de fric dans un service devenu quasi obligatoire.