Au mois de juin dernier, Universal Music France déposait une plainte à l’encontre de Deezer pour contrefaçon, accusant le site d’exploiter son catalogue sans qu’aucun accord ne soit en vigueur depuis le mois de janvier dernier. C’est donc aujourd’hui que débute officiellement les hostilités avec, au centre du débat, la volonté d’Universal de voir Deezer passer le nombre d’écoutes possibles pour un même titre à seulement 5 par mois.
Du côté de Deezer pourtant, ces dernières semaines ont été marqué par des efforts et ajustements de son offre, au grand dam des utilisateurs fustigeant les nouvelles directives imposant, entre autres, une écoute limitée à 5 heures par mois, après quoi il convient de passer sur une des offres d’abonnement. Un geste jugé insuffisant pour Universal qui désire que Deezer () prenne exemple sur Spotify qui n’autorise la lecture d’un même titre que 5 fois. L’idée est bien sûr de convaincre les utilisateurs de s’abonner ou d’acheter le titre sur une plate-forme légale.
Reste que cette bataille attise un peu les tensions, Yves Riesel, fondateur de Qobuz, n’hésitant pas à charger Deezer en affirmant qu’il était impossible de « faire ami-ami avec Deezer en mendiant auprès deux de la « visibilité », en les confortant dans leur thèse selon laquelle ils sont un média – et espérer que durent longtemps encore les efforts d’autres sites qui paient la musique tellement plus cher pour la mettre à la disposition du public ? Pensez-vous que ce transfert de valeur au profit de Deezer puisse durer longtemps, si Deezer était conforté dans le prix bradé qui lui est consenti pour sa matière première, la musique ? » Des assauts qui prennent des allures de guerre de tranchée lorsqu’il ajoute : « Avant de plaindre Deezer, rappelez-vous que le site a d’abord été fermé par la justice pour utilisation de la musique sans accord des producteurs ; puis défendu pendant trois ans et jusqu’à la sottise le streaming gratuit payé par la publicité ; puis opéré une alliance avec Orange pour brader ou même donner gratuitement en bundle des abonnements qui ne sont pas utilisés, par des consommateurs sans appétance, un non-remède génial au piratage… Pendant ce temps le consentement à payer des abonnements pour la musique à la demande attendait. ». Dès lors, une seule posture possible pour Yves Riesel à l’égard d’une entreprise qui « a été la plaie pour le développement de la musique en ligne en France, je le maintiens. Universal France et Pascal Nègre n’ont pas besoin de mon soutien, mais à la veille du référé engagé par Universal contre Deezer, je salue la détermination avec laquelle ils tiennent tête à Deezer, à un moment décisif – ils sont les seuls à l’avoir fait finalement, et ils en ont heureusement les moyens. »
L’affaire Deezer n’a pas fini de déclencher les passions et d’animer le débat sur la question de la gratuité de l’accès à la musique, avant en toile de fond l’Hadopi et le problème du droit d’auteur…
