Valls ne veut plus de zones blanches

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Le premier ministre a tapé très fort du poing sur la table : il ne veut plus de zones blanches. Sans doute est-il parti faire un tour en province et n’a pas pu contacter son ministère. Quand on sait que les opérateurs s’étaient engagés il y a quelques années pour couvrir la totalité du territoire, ça peut agacer, évidemment. La réponse, quand on demande des comptes aux principaux concernés, Orange and co ? C’est la faute à Free. Bon, comme d’hab. Ces pauvres chéris…

Rappelons qu’une zone blanche, c’est un coin de province où on est peinard, où la technologie n’arrive pas ; on y entend des vaches le jour, des chouettes la nuit.

Il se trouve qu’il y a un an environ, je suis pari m’exiler dans une zone de ce genre, au fin fond de la Creuse. Dans mon esprit, c’était : « j’en ai marre des cons, du béton, de mes voisins, du RER, de l’air pollué, de l’actualité… ». Je faisais le grand saut. Et tant pis s’il me manque deux ou trois trucs. À ce moment là, je n’avais pas compris que les deux ou trois trucs étaient super importants.

Arrivé là-bas, quand on regardait vers le sud, on voyait la forêt, et des vallées. Vers l’est, des vallées et de la forêt. Vers l’ouest, c’était un peu pareil. Vers le nord, non, on avait un lac. 50 hectares. Des giroles en faisant à peine dix mètres. Internet ? Comment dire ? Vous vous souvenez des modems 28,8. Un peu pareil avec un abonnement hors de prix, des déconnexions plusieurs fois par heure et surtout, le FUP. Le FUP, c’est la possibilité qu’a un provider de brider l’ensemble des lignes aux heures de pointe, c’est-à-dire environ 16 heures par jour. Non, dans des zones comme celle-ci, on cherche sans cesse à améliorer un peu tout en termes de connexion. On commande des nouvelles paraboles. C’est là que ça devient drôle. Maintenant, dans 50% des cas, dès qu’on veut commander un truc sur le net, on nous demande notre numéro de téléphone et la saisie d’un code reçu par SMS à entrer dans les 5 minutes. C’est là que la zone blanche devient absolument drôle. On cherche ses petites barres de portable en courant partout dans un domaine de 50 hectares en essayant désespérément de choper une ou – les bons jours – deux barres. C’est une situation incroyablement ridicule. Finalement, on choisit la simplicité : on fait trente bornes en bagnole pour atteindre la première ville, on va dans un salon de thé qui fait Wi-Fi et on peut passer sa commande.

En faisant ces trente kilomètres, on en croise des domaines, des lieux-dits d’une dizaine ou d’une vingtaine d’âmes. À chacun son antenne.

J’ai du mal à croire que Valls soit très sérieux quand il exige non seulement la 2G mais aussi la 3G. En précisant que dans les zones blanches, il est parfois difficile de capter à l’intérieur des maisons. Je confirme. En plus, il met un coup de pression en expliquant que la situation doit être réglée d’ici 18 mois. Ah oui mars 2015 + 18 mois, ça nous donne 2017.

Forcément, quand on a vécu les zones blanches de l’intérieur – et il y aurait certainement encore plus à dire sur les connexions Internet, l’ADSL pour tous, tout ça – on ne peut qu’abonder en son sens. Surtout que c’est une des raisons qui m’a fait revenir : il est tout simplement impossible de bosser à distance dans ces conditions. Mais on ne peut pas ne pas penser à un calcul électoral.

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