Watch Dogs : Défendez vos libertés individuelles

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Voilà, ça y est, j’ai pris mon temps mais j’ai fini Watch Dogs. Une expérience unique en 2014, alors que tous les jeux semblaient formatés vers la simplicité, on découvre tout de même un pari audacieux de temps en temps. Plusieurs paris en fait : celui de la configuration maousse costaud exigée, d’un gameplay inédit, de la profondeur de jeu et de plein d’autres choses.

Je m’en souviens comme si c’était hier et pourtant, c’était il y a trente ans et c’était un rêve. Ça concernait déjà les jeux vidéo et Star Trek, un peu. Dans ce songe, je rêvais d’un titre et on avait déjà atteint le photoréalisme. L’équipage de Kirk se déplaçait de planète en planète, un peu au hasard ; j’avais choisi d’atterrir sur l’une d’entre elle, complètement au pif, parmi des milliards de choix possible (frontière de l’infini, je vous rappelle). Et sur cette planète, je pouvais me déplacer où je voulais sur n’importe quel continent, dans n’importe quelle ville ou village, pénétrer dans n’importe quel bâtiment parmi, là encore, des millions de choix possibles. Et, malgré le fait que j’eus pénétré dans n’importe quel lieu au hasard, j’allais vivre une aventure ultra bien écrite, ultra longue ; rétroactivement, je suis surpris de ce rêve étant donné que je n’avais aucune notion de narration et surtout que les jeux étaient pour le moins limité. En un rêve, j’avais inventé le photoréalisme, les mondes ouverts, probablement les multiples fins et la profondeur de jeu infinie. Peu importe les trois premiers concepts, on les a vu, revues. La profondeur de jeu, c’est principalement ce qui va nous intéresser aujourd’hui.

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En 30 ans, j’ai tout de même pu essayer des jeux comme Captain Blood, Elite, Spore, des choses d’une ambition démesurée mais non écrit. Quand on comprend qu’ils sont gigantesques, on comprend aussi que dans ces jeux, l’ordi se débrouille comme un grand pour générer des choses aléatoirement. Marier gigantisme d’un univers et qualité d’écriture, je crois tout simplement que ce sont deux notions tout simplement antinomiques. C’est un peu comme dans les simulateurs de vol. A une époque, Flight Sim proposait comme terrain de jeu la terre entière. Mais je préférais 1000 fois un jeu comme Flight Unlimited, limité à une région précise, San Francisco, mais tellement plus travaillée.

Bref, mon rêve, j’ai fait une croix dessus. Quel développeur serait assez fou pour écrire à blanc, des aventures tellement variées dans le même jeu qu’une vie entière ne suffirait pas à en explorer une infime partie. Admettons-le, ce serait du gâchis. Mais, d’un autre côté, faire ce que l’on veut dans un jeu, s’y noyer totalement, pourrait-il y avoir un plus beau challenge pour un créateur ?

Bon, non, Watch Dogs n’est pas exactement comme ça. Mais si j’ai repensé à ce rêve, ce n’est pas totalement par hasard non plus. Sa profondeur est tout simplement ce que j’ai pu voir de mieux dans un premier temps. Dans toute ma vie. Voilà, c’est dit. Dans un mois, j’en aurais probablement fait le tour déverrouiller tous ses secrets, débloqué tous ses succès. Mais entre temps, je n’aurai eu de cesse de creuser. Toujours plus loin, toujours en découvrant de nouvelles choses.

J’ai eu la chance de ne rien lire, de ne pas m’abonner aux newsletters, de ne pas créer des alertes Google sur Watch Dogs histoire de profiter d’une surprise totale. Et de minute en minute, je n’ai eu de cesse d’apprécier le jeu de plus en plus, sans jamais trouver un point négatif.

Sans 64 bits, tu l’as dans l’OS…

Enfin, si, au tout début. Comme vous vous en doutez, j’ai joué sur ma machine de prédilection, le PC. Et il faut savoir une chose : la configuration minimum du jeu exige 6 Go (8 recommandés). Or, les systèmes Windows 32 bits ne gèrent pas la mémoire au-delà de 4 Go. Que vous ayez 4, 8 ou 16 Go sous 7 ou 8 32 bits, c’est la même chose. Par conséquent, Watch Dogs ne tourne que sur des systèmes 64 bits. C’est la première fois que j’estime avoir fait le bon choix en ayant pris Windows 8 64 bits ; l’intérêt de 8, je cherche encore mais c’est une autre histoire. Donc, sachez-le, Watch Dogs sur PC, c’est uniquement sur certains OS. Sinon, il faudra se rabattre sur de la version consoles. Et c’est dommage. Parce que graphiquement, c’est une expérience unique et sur PC, c’est l’über.

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On a déjà vu quelques tueries graphiques, on a déjà vu des graphismes aussi réussis mais peut-être pas dans des univers ouverts qui pêchent parfois par des textures un peu faiblardes si on les regarde de trop près. Là, pfiou… Certains visages sont totalement bluffants. On se demande régulièrement si on est dans une cinématique ou si c’est du temps réel, si on a la main sur le jeu. Idem pour les séquences en bagnole : au niveau technique, ça vaut pas mal de jeux de bagnole qui ne sont « que » des jeux de course. Et là, quand on a compris qu’on vit des aventures en intérieur, en extérieur, qu’on pique des bagnoles, la comparaison avec un certain GTA devient assez évidente.

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Comme je l’ai dit plus tôt, je n’ai rien lu sur le jeu. En gros, je n’ai pas lu les communiqués de presse qui arrivaient dans ma boite mail, je n’ai pas lu les articles des confrères. Du coup, j’en suis resté au jeu de « hack », tel qu’il était vendu dans la première vidéo de présentation. Alors quelle ne fut pas ma surprise de découvrir ce que vous saviez peut-être déjà : on est plus proche du GTA que de la franchise super originale. Franchement, ce n’est peut-être pas plus mal. Ce n’est pas comme si nous avions une avalanche de GTA-like tous les mois et il y a de la place pour plusieurs jeux de ce genre. Si évidemment ces clones arrivent à supporter la comparaison. Allez, disons le tout net : ça tient vraiment la route. Ça tient tellement la route que je préfère nettement cette nouvelle franchise à GTA. La technique n’est pas en cause. J’ai joué à Watch Dogs PC et GTA V sur consoles. La balance penche forcément en faveur de Watch Dogs. Mais il n’y a pas que ça. Le côté hack, que je considérais comme le cœur du jeu est un ajout de poids et apporte un gameplay plus moderne. Ajoutez à cela des courses poursuites également enrichies au hack permettant de réguler le trafic et ennuyer des poursuivants, une histoire extra nous présentant un héros malgré lui, ça donne une bonne recette et des bons ingrédients. Et des mini jeux aussi ! Ah… Les mini jeux. Depuis des années, ça me gonfle. Cette mode, probablement piquée à Nintendo à un moment ou un autre qui en avait marre de faire des vrais jeux et préférait faire des démos techniques d’accessoires, cette mode donc, on en voit heureusement la fin. On a eu des jeux de fléchettes, de bowling dans les GTA. Gadget, autant le dire.Là, c’est très différent. On peut, via la commande de certaines drogues accéder à certains paradis – le terme enfer serait plus exact pour certains – artificiels et aller très loin dans l’absurde. Une des cames permet tout simplement de jouer à une sorte de clone de Carmageddon. Et pour tout vous dire, le premier soir où j’ai eu le jeu, je n’ai joué qu’à ça ! De l’écrasage de zombis par milliers, des courses poursuites, des distances mini à parcourir en un temps imparti, des dizaines de niveaux. Avec une drogue plus flower power, on peut aussi traverser la ville en rebondissant sur des fleurs géantes. J’ai totalement oublié que j’incarnais Aiden Pearce. Ce qui est très con parce que son aventure vaut le détour.

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Aiden est un hacker. Un jour, il tombe chez un type un peu susceptible en terme d’intrusion, probablement qu’il ne voulait pas que l’on voit son historique Internet. Quoi qu’il en soit, il décide d’effrayer Aiden. Alors que ce dernier conduit une voiture en compagnie de sa sœur et de sa nièce, un motard se met à ses côtés et tire une balle dans le pneu. La voiture fait une embardée, des tonneaux. La nièce d’Aiden décède. À partir de ce moment, notre nouveau héros n’aura qu’un seul but : retrouver les responsables. Le motard, qui est retrouvé dès la cinématique d’intro et qui roule beaucoup moins des mécaniques mais surtout ses commanditaires qui continueront d’intimider la frangine. Ce n’est peut-être pas le scénario de la décennie mais pour une fois, j’apprécie d’incarner un héros moralement plus défendable que les héros des GTA. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : ce n’est pas un bisounours. Il tue, il est violent, il se came (de façon occasionnelle, quand le joueur tente l’expérience ; il n’a pas de dépendance). Et il roule comme un taré. Mais à la base, on a un gentil hacker, probablement anarchiste, probablement partisan des Anonymous ; en réalité, sa seule dépendance, c’est la vengeance.

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J’ai également beaucoup apprécié l’évolution du personnage, ce qui est assez neuf dans ce type de jeu. Aiden peut progresser dans quatre grandes familles de compétences. Le piratage est également un des grands axes de développement du personnage. On a tout d’abord le hack, pur et dur : cela permet de choper plus ou moins de fric en piratant des quidams dans la rue ; cette branche permet aussi d’augmenter le nombre de batterie. Ça fonctionne comme Deus Ex : les batteries sont des sortes de points de mana qui permettent d’enchainer plus ou moins de compétences. Très utile, à tout moment, dans n’importe quelle situation. Le hack permet aussi de surcharger des installations électriques, de jouer avec les arrêts et les démarrages des métros. Mais il servira aussi énormément lorsque vous serez au volant d’une voiture. En jouant avec la signalisation, en levant ou en baissant les ponts de la ville, des portes électriques ou des bornes escamotables. En poursuite, c’est aussi très utile pour désactiver les hélicos (les forces de l’ordre les plus difficiles à semer) pendant 15 ou 30 secondes.

Quelques compétences de conduite seront aussi à booster. L’arbre est beaucoup plus réduit. En gros, vous pourrez améliorer la tenue de route sur du hors piste, provoquer plus de dégâts chez l’ennemi lors des collisions, amoindrir les risques d’éclatement des pneus. Il n’existe pas de compétence permettant d’aller plus vite. Chaque voiture a ses propres statistiques. Pour avoir essayé à peu près tout le panel de véhicules, je peux vous affirmer que ce ne sont pas les plus grosses ni les plus chères les plus intéressantes. On a des voitures modestes qui ne paient pas de mine, plutôt légères, qui bénéficie de moteurs surpuissants. Bon, par contre, ça reste fragile mais c’est un bonheur de se retrouver dans des phases de courses poursuite.

Un autre petit arbre est également disponible, celui des objets fabriqués, le crafting, si vous préférez. On peut là encore s’amuser avec les lumières de la ville en les éteignant. Autant le dire, c’est super spectaculaire. On peut aussi couper les signaux de communication pour compliquer la tâche des flics. Au rayon des gadgets, on peut aussi distraire l’ennemi. Mais que serait un bricoleur s’il ne pouvait pas utiliser ses mimines à des choses plus explosives ? Aiden peut donc s’amuser à piéger différentes petites gourmandises : le grenade bête et conne, la bombe à distance et la bombe qui se déclenche par mouvements.

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Dernier grand arbre de développement, c’est évidemment le combat. Ça joue sur le focus (le bullet time de Watch Dogs, extrêmement utile), la facilité d’utilisation de certaines armes (stabilité du sniper, cadences des flingues…) ou les capacités de tout l’arsenal (recul, réduction des dégâts).

Mais le truc le plus dingue, c’est qu’il existe des arbres de progression même dans les mini jeux ! C’est évidemment moins étoffé mais ça a le mérite d’exister.

Parmi les bonnes surprises du jeu, on a une IA plus qu’honorable. Depuis quelques années, on a un peu l’impression qu’une IA, c’est un mec qui avance du point A (l’endroit où il se trouve) au point B (l’endroit où se trouve le joueur). J’exagère à peine, surtout si vous avez pris cinq minutes (bon, cinq heures en réalité) pour jouer aux 443 derniers Call of. Dans Watch Dogs, on a des missions d’interception. On doit mettre à terre certains types. C’est vraiment chaud parfois car ça implique de ne pas les tuer. Et ce sont des convois à stopper. Il faut donc trouver la ruelle dans laquelle les ennemis sont vulnérables, se débrouiller pour faire péter ce qui est pétable dans la rue avec un bon timing, buter un maximum de types qui ne sont pas concernés par l’objectif de la mission, en neutraliser d’autres. Et quand on pense avoir trouvé la formule la plus pertinente, on découvre que les ennemis contournent les bâtiments, entament des manœuvres d’encerclement de façon à ce que vous ayez toujours un ennemi dans le dos. C’est vraiment agréable de voir que le joueur n’est pas pris pour un con.

Je pourrai continuer la liste des trucs qui m’ont bien plus en termes d’immersion pendant très longtemps mais je préfère vous laisser la découverte de ce jeu indispensable. Parlons plutôt technique !

Watch Dogs : naissance d’une licence

La première chose que je fais lorsque je teste un nouveau jeu PC, c’est d’être en désaccord avec la détection de matériel et de tout mettre à fond, en termes de détails. En général, ça passe. Là, non, je me suis retrouvé avec vraiment de gros soucis techniques rendant le jeu injouable. Tant que le personnage était en intérieur, ça passait ; à partir du moment où il s’est retrouvé en voiture, ce n’était plus possible. J’ai donc baissé les textures d’un cran, ainsi que l’anticrénelage. Le niveau de détail est paramétré à trois cases (sur quatre), les ombres et les réflexions aussi, tout comme l’occlusion ambiante, chère à Nvidia. Le flou cinétique, toujours extrêmement gourmand (pour pas grand-chose avouons-le) est tout simplement désactivé Mais l’eau est en ultra. Les différences sont nettes, à chaque fois que l’on bouge un paramètre. Je dois avoir quelque part sur cette page une image d’Aiden pilotant un bateau, c’est impressionnant.

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Mais malgré tout ça, toutes ces concessions faites au framerate, Watch Dogs reste incroyablement beau. Bon, ça faisait un moment qu’on n’avait pas eu un jeu un peu velu qui fait tousser le matériel. Personnellement, en plus d’un framerate inacceptable, j’ai aussi eu un problème de texture. J’avais des visages noirs, non texturés. Au début, j’ai pensé à un truc issu du mariage du gameplay et de la charte graphique (qui est un peu spéciale, empruntant pas mal à la pixellisation d’image) pour identifier des personnes qu’on ne pouvait hacker. Finalement, c’était autre chose et c’est à ce moment que j’ai baissé les paramètres. Je pense qu’il s’agit d’un manque de mémoire et que l’ajout de quelques gigas réglerait le problème.

Dernière petite chose. Même si je me suis coupé totalement pendant deux ans de la communication sur ce jeu, je ne me suis pas coupé totalement du monde depuis une semaine et j’ai pu voir des potes qui évoquaient le jeu. J’ai pu lire le mot répétitif. Vous l’aurez compris, vu la date à laquelle parait cet article, j’ai pris mon temps pour tester Watch Dogs. Parce que ça fait 20 ans que je me prive du plaisir de découvrir un jeu tranquillement, j’y suis donc allé avec la pédale à peine enfoncée, en faisant une mission par ci, un mini-jeu par là, une belle séance de bac à sable un peu plus tard, just for fun. Et il ne m’a pas semblé vivre les mêmes choses, le mot ennui ou répétition ne m’a pas vrillé la tête une seule seconde.

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En définitive, Watch Dogs est un must-have, le truc de l’année, pour le moment. Il est perfectible, fragile, comme le fur un certain Assassin’s Creed premier du nom en son temps. Mais il est bien évident que c’est le premier pas dans une franchise et qu’on va bouffer du Watch Dogs pendant des années. Je ne serai même pas surpris qu’on nous annonce le prochain à la conférence Ubi de cette année. Mais il présente tellement d’ambition et de volonté de bien faire qu’il serait masochiste de bouder notre plaisir. Si vous avez un PC récent, c’est le jeu à tester absolument. Si vous ne savez pas quel PC acheter et que vous voulez jouer à Watch Dogs, envisagez un système 64 bits avant toute chose !

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9/10

Les Plus

  • Un environnement ouvert, ça le fait toujours
  • Un gameplay TPS enrichi au hack
  • Une nouvelle franchise, c’est rafraichissant

Les Moins

  • C’est jamais le moment de s’acheter une nouvelle bécane
  • Certaines missions, même bien préparées à l’issue imprévisible
  • Pas de possibilité de tirer en conduisant

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