World of Warcraft : Warlords of Draenor

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Et c’est parti pour deux ans ! Avec la régularité d’un métronome, Blizzard nous sert aujourd’hui le dernier opus de son titre qui lui a rapporté plusieurs milliards de dollars, Warlords of Draenor. Un test à quelques jours de sa sortie n’est-il pas un peu prématuré ? Soyons clairs : j’ai passé une trentaine d’heures environ à monter un level 100, à décrypter les nouveautés, à être perturbé, bousculé même dans ce que nous propose Blizzard. Dans Cataclysm, le développeur avait joué au Lego en cassant une magnifique construction. C’était visible : des villes avaient été dévastées par le passage du dragon gigantesque Aile de Mort. Avec Draenor, les bouleversements sont aussi importants mais ils se passent dans l’ADN même du jeu, dans tous ses réglages. Je pense que c’était nécessaire, une remise à plat de toutes les valeurs comptables.

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Dans Cataclysm et Pandaria, pour passer aux niveaux 85 et 90, il fallait cumuler – je ne sais plus exactement – quelque 50 millions de points d’expérience. Si on était resté sur cette surenchère exponentielle, j’imagine qu’il aurait fallu atteindre 100 millions de points. On est revenu à quelque chose de plus simple. Pour atteindre le niveau 100, il faut totaliser 846 300 points pour le dernier niveau, pas beaucoup plus qu’entre le 90 et le 91. Dans le même ordre d’idée, les chiffres du DPS a été entièrement revu à la baisse. Je peux vous assurer que ça fait un choc. Quand vous utilisez n’importe quel add-on de kikimeter, que vous êtes assez fier de vos 200, 250 000 points de dégâts par seconde, ça fait un peu étrange d’avoir du mal à dépasser les 15 000. Quel choc encore lorsque vous découvrez vos potions, qui vous procuraient un bonus de +1000 en force, intelligence ou agilité, ont vu leur effet divisé par 10 ! +114 seulement. Pourquoi je vous parle de ces détails. Parce qu’on comprend que Blizzard a dit « Halte à la surenchère ». Qu’aurait donné cette fuite en avant ? Des potions à +2 500 à Draenor, à 5 000 puis à 10 000 dans les prochaines extensions. Et face à cette levée de pied sur l’accélérateur, on comprend que Blizzard a encore une vision à très long terme sur son MMO. Bref, on n’est pas près d’arrêter de flinguer des mobs en Azeroth. C’est rassurant.

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Dans un premier temps, durant les premiers niveaux, j’ai pourtant été un peu inquiet. En gros, c’est quoi une bonne extension ? Un continent, des centaines de quêtes, une bonne histoire et des trucs et des machins à faire en plus. Bien sûr, on a du meilleur stuff en allant faire des donjons puis des raids mais atteindre un niveau d’iLevel (la qualité du matériel que vous portez si vous préférez) n’est rien d’autre que se mettre à jour par rapport à l’extension précédente. On bave devant telle ou telle épée à deux mains, devant un beau plastron bien brillant mais ce ne sont que chiffres sans grand intérêt. C’est facile pour Blizzard (si on met de côté l’équilibrage de chaque pièce d’armure) d’ajouter de nouvelles choses. Créer un monde cohérent, c’est vraiment différent. Et c’est là que l’éditeur est brillant.

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Le Fief, le cœur du jeu

J’ai franchement douté quand j’ai découvert le continent. Des quêtes, il y en a à foison, comme d’habitude. Quatre grandes zones, bien longues (on se retrouve level 100 à l’approche de la dernière zone, Nagrand, qui est très relevée en termes de difficulté). Mais laissez-moi vous expliquer les raisons de mon doute. J’avais lu pas mal de choses sur les fiefs, j’avais également joué à la bêta mais je n’avais pas compris LE truc. Je pensais que c’était un gadget, quelque chose d’accessoire qui arrivait en complément des artisanats. Vous étiez forgeron, vous construisez la forge ; vous êtes alchimiste, vous débloquez le labo. C’est bien plus subtil et complexe. J’ai mis trois jours à piger pour m’apercevoir que le Fief, c’est de ça dont il s’agit, c’était l’ADN de Draenor, pas un complément qui amusera les kikoulol. Et un truc tellement complexe que je me demande si tout le monde en saisira la finesse.

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Donc, l’idée, ce n’est pas de construire les bâtiments correspondant à son artisanat. C’est possible et ça apporte quelques bonus via des recettes rares. Mais objectivement, en allant en donjon héroïque ou en raid, on devrait toujours mettre la main sur un meilleur stuff ; les artisanats ont toujours été des apports d’iLevel intéressants, à certains moments mais pas des trucs qui font la différence. On ne construit pas un seul bâtiment parce qu’on veut une ressource. Non, on construit un ensemble de bâtiments en fonction de notre façon de jouer afin d’optimiser des bonus, de faire le plein de ressources, de se déplacer rapidement (ah oui, c’est un retour aux sources : il n’y a pas de nouvelle compétence de vol dans cette extension, pas pour le moment ; c’est donc le retour des bons vieux flys) ou de maximiser les quêtes des sujets. J’y reviendrai.

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Pour bien comprendre le fonctionnement, il faut vraiment se prendre la tête pendant des heures, comprendre toutes les nouvelles monnaies. Tout est tellement magnifiquement imbriqué que j’ai du mal à savoir par où commencer. Eh bien par les monnaies justement.

Monnaies time

Tout d’abord, on le comprendra aisément, il y a les ressources du fief. Elles permettent de construire les bâtiments, de les améliorer. Chaque bâtiment est améliorable plusieurs fois ; le niveau 3 est le level maximum. Toutes les 10 minutes, connecté ou pas, vous obtenez… une ressource. J’ai fait le calcul, sur trois jours, ça fait 500 ressources ; compliqué à gérer quand il en faut 2 000 pour que l’hôtel de ville passe niveau 3 ! Certains autres bâtiments, le poutrage de mobs rares, la découverte de trésors sur le continent permettent clairement de booster cet afflux trop lent. Une scierie est également une bonne idée : elle permet de passer des commandes. Je vais essayer de faire vite sur les commandes. Lorsque vous avez ce bâtiment, vous devenez plus ou moins bucheron. En vous promenant sur le continent, vous découvrez des arbres en surbrillance. Vous pouvez les marquer pour récupérer, au début, 4 ou 6 unités de bois. Quand vous en avez 10, vous passez une commande au PNJ approprié et, quatre heures plus tard, vous obtenez 20 ressources de fief. Ça marche de la même façon avec la mine ou le jardin (pour les métaux et les plantes). La mine et le jardin sont deux bâtiments que peuvent avoir tous les joueurs, qu’ils le veuillent ou non. Ils permettent de récupérer les ressources primaires de la forge et de l’herboristerie sans spécialement avoir ces deux artisanats. En récupérant ces métaux et ces herbes, on trouve inévitablement deux sous ressources, des pierres et des graines. Elles vous permettent de passer des commandes. Et dans ces commandes, une toutes les quatre heures, on peut trouver des cristaux apogides, THE ressource pour les amateurs de PVE. On peut aussi passer des commandes dans d’autres petits bâtiments comme la joaillerie. Il est capital d’avoir en permanence des commandes envoyées à chaque PNJ. Alors bien évidemment, c’est très simple pour le mineur de faire travailler le PNJ de la mine en permanence étant donné qu’il trouve des pierres ailleurs que dans la mine du fief. Mais il faut maximiser les apogides.

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Alors, les apogides vont vous permettre d’acheter des familiers, des montures… Oui, vous vous en foutez. Mais aussi du stuff. La course à l’iLevel qui recommence ? Oui, inévitablement. Quand on joue à WOW on n’a pas l’ambition d’être sapé comme un péon. En maximisant les commandes, je pense qu’on peut cumuler 200 apogides par jour. Sachez qu’une quête permet aussi d’en choper 800, une quotidienne. Mais quand vous verrez qu’il en faut 20 000 pour mettre la main sur du stuff 655 (casque ou jambières), vous comprendrez que l’optimisation a de l’importance. Donc, exit les points de justice et les points de vaillance, vive les apogides. J’adore ce système. Techniquement, on peut cumuler ces points sans rien faire et donc se stuffer sur le dos de la princesse. Mais trèèèèèès lentement, juste en cliquant et en restant dans son fief. L’optimisation apogide est très clairement ce que je vais utiliser pour mes rerolls mais c’est aussi une composition PVE convenable et un bon plan pour ses sujets. Allez, je vous donne le secret : Fortin nain (des cristaux apogides en plus), Caserne (ça, c’est plus pour votre propre PVE, avec le perso principal qui peut être accompagné par… cinq sujets !), Auberge (un boost pour les sujets grâce à des récompenses), Comptoir (pour la régulation des ressources que l’on a en trop ; très utile pour les persos qui ont des métiers de récolte) et trois bâtiments liés aux métiers parmi la couture, l’enchantement, la joaillerie, la forge, le travail du cuir, l’alchimie, l’ingénierie et calligraphie. Commandes et donc apogides à gogo. Et des sujets suréquipés. Ah oui, les sujets.

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De nouveaux amis

On les trouve en récompense de quêtes. L’organigramme des quêtes est très complexe et il n’est pas rare de penser avoir terminé une zone et de s’apercevoir qu’il reste des points d’exclamation jaunes sur la carte en prenant un fly. On n’arrête pas de faire des allers et retours. C’est très différent des extensions précédentes. En fait, j’ai pas mal repensé à ce qui se passe en Pandarie au début de la zone de Micolline. Un PNJ vous donne quatre quêtes et elles sont réparties partout dans la région. Chaque PNJ à qui vous parlez vous donne deux ou trois quêtes plus regroupées, vous les validez, ils vous en donnent deux ou trois autres et vous fait découvrir toute la carte, comme une toile d’araignée qui se tisse. C’est un peu systématique ici. Mais au bout d’une chaine de quêtes, vous gagnez un sujet. Les sujets, je les ai compté, sont environ une cinquantaine. Et là encore, Blizzard a fait dans le complexe. Ils ont des niveaux, entre 90 et 100 et on peut les envoyer en mission. Ils prennent de l’XP et une fois arrivés au niveau 100, on peut les stuffer, un peu à la façon des compagnons de Diablo III. Ils ont évidemment des fonctions et les combinaisons de certains d’entre eux permettent d’obtenir des gains significatifs. Ils ont tous un terrain de combat de prédilection, ce qui leur procure aussi des chances de victoire. L’auberge est leur bâtiment car ils auront plus de chances d’avoir un meilleur stuff.

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Voilà, en fait, le fief, c’est génial. Vous découvrirez des trucs par vous-même car tout n’est pas évident au départ.

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610, le vrai level à atteindre

Mais il y a un autre aspect que j’ai particulièrement apprécié dans Draenor. C’est un peu le retour de la difficulté. Dans les deux dernières extensions, on avait une possibilité de court-circuiter une progression naturelle. J’étais particulièrement bien stuffé à ma sortie de Pandarie : que des persos entre 550 et 590 d’iLevel. Les quêtes ne m’ont pas apporté grand-chose sur ce numéro magique, bien que la modification des compétences (Frappe multiple, Ponction et Polyvalence sont apparus) nécessite un rééquipement total. Au niveau 100, je me suis dit que j’allais faire comme les dernières fois : un farm de donjons, quelques babioles en joaillerie, une recherche de groupe et hop, l’accès aux donjons héroïques. Et bien pas du tout. Même avec un peu d’artisanat et un passage à ‘hôtel des ventes, je suis encore à 10 points de l’éligibilité, fixée à 610. En gros, il faut vraiment aller chercher les dernières quêtes de la dernière zone, farmer un peu le premier donjon, attendre les apogides puis ensuite mettre les pieds dans des donjons dignes de ce nom. On comprend donc, vu le niveau du ticket d’entrée, que le passage par un solide développement du fief est obligatoire. Même les récompenses des intendants par le système de réputation ne permettent pas un bond significatif.

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World of Warcraft Warlords of Draenor : trop subtil ?

Par contre, je me demande si ce n’est pas un peu trop subtil pour certains. Je m’explique. J’ai récemment été à une soirée World of Warcraft. Forcément. Je pense faire partie des six ou sept journalistes français qui savent encore de quoi on parle quand on évoque WOW. Là, je tombe sur un mec qui me demande ce que je pense de cette extension. Comme vous pouvez le voir avec ce texte, je suis assez prolixe quand il s’agit de ce jeu. Et au bout de dix minutes, le type me dit : « donc ça a l’air pas mal. Non parce que les pandas, pfff… ». Donc, en gros, le mec résume la Pandarie à une nouvelle race – il a au moins vu la jaquette ; pas certain qu’il soit allé jusqu’au level 90 – alors que c’est encore pour le moment, la meilleure extension ; nous verrons si Draenor tient ses promesses en termes de mises-à-jour.

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Tester une extension de WOW parce qu’on a passé le cap level, c’est forcément un peu prématuré étant donné que c’est un jeu sur lequel je vais passer deux ans dessus. Et après une réelle méfiance, je pense que c’est ce que Blizzard a pondu de mieux. Mais pour bien l’apprécier, il faut l’avoir compris. Étant donné que des types n’ont pas aimé la Pandarie en ayant vu que la jaquette, j’ai des doutes à ce qu’ils comprennent vraiment l’intelligence de cette cinquième extension.

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10/10

Les Plus

  • Un scénario au top
  • Le relooking des persos est vraiment propre
  • L’organigramme des quêtes très complexe

Les Moins

  • Des serveurs downs assez régulièrement, comme à chaque fois
  • Trop subtil pour certains
  • Pas certain que le Fief serve à la prochaine extension alors que c’est génial

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