Call of Duty, chronique d’une saga en perdition

3
call of duty

Alors que Infinite Warfare, le prochain opus de la saga, est prévu pour le 4 novembre 2016, la série Call of Duty ne cesse de décevoir les « hardcore-gamers ». Mais pourquoi ?

Faites le test, et demandez à une personne de votre entourage, qui n’y connait rien aux jeux vidéo, de vous citer une licence qu’il connait. Deux réponses reviennent sans cesse : Mario, et Call of Duty (et Pokemon en ce moment, forcément…). Il faut dire que la série Call of Duty a profité du devant de la scène un bon moment. D’abord avec Call of Duty et Call of Duty 2, qui se révélaient être de bons jeux sur la seconde guerre mondiale. Ils souffraient bien évidemment de la concurrence avec Medal of Honor, mais ils demeuraient bons, avec une communauté qui les soutenait. La licence a cependant gagné en qualité sur la 7ème génération de console, avec Call of Duty 4 : Modern Warfare.

Loin des titres de l’époque, le jeu nous offrait plusieurs points de vues sur une guerre mondiale, opposant terrorisme russe et nations alliés. Tantôt du côté des américains que des anglais, Call of Duty 4 : Modern Warfare offrait encore bien plus qu’une narration stylisé. En effet, les joueurs avaient droit à un aspect technique démesuré, un réalisme exacerbé et un gameplay nerveux et authentique. Et que dire du multijoueur, complet, qui a unit une génération de joueurs. Moi-même, j’ai fait mes premières armes online sur ce jeu. Du coup, Modern Warfare s’est imposé comme une référence du genre FPS, avec son lots de copieurs… Après un World at War dont la scène était la seconde guerre mondiale, du côté des russes et des américains, c’est véritablement Modern Warfare 2, la suite donc, qui a amené la saga au sommet.

Modern Warfare 2, apogée de la saga et commencement de la descente aux enfers

C’est bien simple, on n’avait jamais vu ça. Le jeu a connu le plus grand lancement de jeu vidéo qu’ait connu l’histoire (dépassé par sa suite Black Ops cela dit) : en moins d’une semaine, 4,7 millions d’exemplaires s’étaient écoulés pour le titre sorti sur PS3, Xbox 360 et PC. En tout, le jeu s’est vendu à plus de 24 millions de copies dans le monde entier. Pourquoi ? Et bien, si la qualité est au rendez-vous, avec des scènes de guerre apocalyptiques, des retrouvailles avec les personnages du premier épisode, un online toujours aussi nerveux mais simplifié, la véritable force de l’éditeur Activision, c’est la mise en place d’un système marketing incroyable.

Sur 200 millions de dollars investis, 20 millions sont dédiés au développement… et donc 180 millions à la communication autour du titre. Plus fort que GTA IV sorti en 2008, Modern Warfare 2 proposait des pubs à la télévision, des affiches sur les bâtiments, des collaborations avec Eminem, des sponsoring avec des youtubeurs… Et plus fort encore, le jeu s’est offert un coup marketing monstrueux, avec la mission « No Russian« . Âmes sensibles s’abstenir.

Comme vous avez pu le voir dans la vidéo ci-dessus, la mission met en scène un agent de la CIA infiltré, devant massacrer une horde de civils dans un aéroport. Dans le contexte actuel, une telle mission aurait été bannie du jeu. Mais en 2009, on était encore loin du terrorisme que l’on connaît de nos jours. De multiples associations se sont battues pour sa censure. Si bien qu’au Japon et aux Etats-Unis, ouvrir le feu contribue à l’échec de la mission. En France cependant, une simple option permettait de la passer. Mais on pouvait y jouer normalement. Cela a fortement contribué au succès du jeu.

Le post-Modern Warfare 2, ou la perte de qualité

Si le public a très bien accueilli Modern Warfare 2, les hardcore gamers commençaient déjà à critiquer la saga. Il faut dire que depuis Call of Duty 3, le moteur utilisé est resté le même. En 2009, alors qu’Uncharted 2 sortait, on en voulait déjà un peu plus. Mais c’est surtout l’accessibilité du titre qui posait problème. Call of Duty 4 était épuré de toutes facilités, alors que Modern Warfare 2 disposait d’aides, de « package », de bombardements et d’outils à tout va. Du coup, le « skill » demandé par les joueurs n’était plus là…

L’année qui a suivi, Black Ops est sorti, avec tout un tas de personnalisation, mais encore plus de facilité de ce genre. Le moteur graphique est encore une fois resté le même, ce qui a provoqué la colère des joueurs. Puis ce fut au tour de Modern Warfare 3 de sortir en 2011, Black Ops 2, Ghost, Advanced Warfare et Black Ops 3. Bien évidemment, pour tenir la cadence année après année, Activision a fait appel à trois studios différents : Infinity Ward, l’originel, Treyarch, le remplaçant, et Sledgehammer Games, le petit nouveau. Le problème, c’est que l’évolution se fait minime entre chaque épisode. Alors que Battlefield change d’époque et de graphismes à chaque opus (Battlefield 1 notamment), Call of Duty n’évolue pas. Et c’est bien la plus grande critique. Certes, quelques innovations de gameplay s’insèrent ça et là, avec du walljump, des jet packs etc, mais tout n’est qu’en surface. Le cœur du jeu ne reçoit pas de nouveaux affluents, si bien qu’il pourri. D’un autre côté, avec un jeu par an, il est compliqué de fournir de nouveaux éléments à chaque fois. Poursuivant les ventes rapides et l’argent tonitruant, Activision garde peut-être ses innovations sous le coude, au cas où Call of Duty déclinerait trop…

Le futur, avec Infinite Warfare

Et en fin d’année, Call of Duty sort son nouvel opus, Infinite Warfare. Prenant place dans le futur, le titre va nous offrir un vaisseau spatial et des combats sans gravité. Mais le vrai coup marketing d’Activision (car Call of Duty n’est pas CoD sans marketing), c’est d’inclure dans une édition à 80€ un remaster de Call of Duty 4 : Modern Warfare, remis au goût du jour donc. Ce qui est plutôt… « triste », dans l’histoire, c’est que les joueurs sont nettement plus emballés par ce remake que par le nouvel opus, vendu tout de même au délicat prix de 70€. Du coup, on ne peut que se demander si Activision est lucide. 

modern warfare remastered

De par les forums et les diverses communautés, ce que l’on constate, c’est que les joueurs veulent majoritairement un retour aux sources. Infinite Warfare propose encore un combat futuristique, avec robots et autres soldats martiens. Alors que ce que les joueurs veulent, ce sont des combats terrestres et réalistes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Battlefield connaît un grand succès critique : la saga a proposé avec Battlefield 4 et Battlefield Hardline des conflits ancrés dans notre société. Et avec Battlefield 1, Electronic Arts, l’éditeur, compte bien continuer sur sa lancée en offrant sa vision de la 1ère guerre mondiale. Activision va-t-il donc le comprendre ? Car il est certain qu’Infinite Warfare va connaître un succès grâce au bundle avec Modern Warfare Remastered. A voir si Activision va comprendre le message…  Le problème de Call of Duty, c’est sa réputation. Avec Modern Warfare 1 et 2, il a acquis une certaine prestance de par le bouche-à-oreille. Les choses ont pourtant changé… Dans tous les cas, le jeu sort le 4 novembre 2016. Nous verrons s’il vaut le coup.

Que pensez-vous de la saga Call of Duty ? Comprenez-vous son « bashing » à travers le web ? Alors que les ventes marchent encore plutôt bien ?

Noter cet article

3 COMMENTAIRES

  1. Oui mais vous oubliez un truc très important les petits loups ! C que les call of duty sont préparé 3 ans à l’avance. Et en 2013 ils ne pouvaient pas savoir que le futur ne serait pas aimé par les joueurs.
    Chose que beaucoup ne savent pas où oublie très vite pour cracher sur la licence.

    • En effet, cela peut être une raison. Mais c’est aux développeurs de prévoir ça. Et aussi à l’éditeur de programmer des pauses entre chaque sortie pour mieux écouter les joueurs…
      Battlefield l’a par exemple bien compris (tout en ayant fait un dangereux écart avec Battlefield Hardline).

  2. Une conséquence importante de la « facilité » des Call of Dury récents est la durée de vie du jeu. Un mode solo qui se boucle en 4 heures de jeu fait cher de l’heure, même avec ensuite un mode multi :)

Laisser un commentaire

Please enter your comment!
Please enter your name here